La Première Ministre, Elizabeth BORNE en présence de plusieurs ministres concernés, a présenté le lundi 18 septembre 2023, le Pacte de Solidarités qui entrera en vigueur au 1er janvier 2024. Porté par Aurore BERGÉ, ministre des Solidarités et des Familles, ce pacte s’inscrit dans la continuité de la Stratégie Nationale de Prévention et de Lutte contre la Pauvreté (SNPLP), initiée par le gouvernement en 2018.
Regroupant les orientations stratégiques et les axes de lutte contre la précarité à venir du gouvernement, ce texte prendrait en compte, selon l’État, le contexte inflationniste ainsi que l’analyse des forces et faiblesses du modèle social français.
Les ambitions de L’État s’articulent autour de 4 axes principaux déclinés en 25 mesures :
✔️ la prévention de la reproduction sociale des schémas de pauvreté entre générations via la lutte des inégalités dès la petite enfance et l’enfance : déploiement du service public de la petite enfance pour tous ; lutte contre la malnutrition ; accompagnement social des enfants mal logés…
✔️ amplifier et favoriser l’insertion par l’emploi en tant que levier essentiel de sortie de la pauvreté : aides financières et logistiques pour l’accès ou la reprise d’emploi ; mise en œuvre de déclenchements d’accompagnements des personnes les plus éloignées de l’emploi en lien avec France Travail …
✔️ lutte contre la grande exclusion via le développement de l’aller-vers en lien avec l’accès aux droits : prévention des expulsions locatives, deuxième plan quinquennal pour le Logement d’abord, stratégie d’information afin de diminuer le non-recours aux droits …
✔️ la modernisation sociale à travers le prisme de la transition écologique solidaire : plan de réduction des dépenses des ménages français dans l’énergie, la mobilité et l’alimentaire (plateforme contre la précarité énergétique, développement des cantines à 1€, programme « Mieux manger pour tous »…)
Au niveau budgétaire, le Gouvernement informe que ce Pacte des Solidarités bénéficie d’une augmentation budgétaire de 50% par rapport au précédent SNPLP.
L’ensemble des partenaires devrait être mobilisé : les associations de lutte contre la précarité (professionnels et bénévoles), les collectivités, les Conseils Départementaux, des entreprises, divers organismes publics…
Des annonces importantes pour le secteur AHI ont également été prononcées : le maintien du parc d’hébergement d’urgence actuel à 203 000 places à l’échelle nationale (en attente d’informations sur le détail de la répartition et la typologie de ces places) et la fin du dégel des crédits hébergement.
Par ailleurs, au-delà de la mise à l’abri d’urgence, des problématiques d’ordre structurel mais urgentes demeurent :
✔️ l’accès au logement social reste en très forte tension avec environ 1 attribution pour 10 demandes.
✔️ l’alimentaire devient un enjeu crucial urgent sur lequel nous avions déjà alerté lors de la Coordination Territoriale Semestrielle de mai 2023.
L’exemple des Restos du Cœur demeure inquiétant :
le président, Patrice DOURET annonçait début septembre 2023 que l’association pourrait « mettre la clé sous la porte d’ici 3 ans et que 150 000 bénéficiaires pourraient être impactés ».
✔️Plus de la moitié des personnes accueillies dans les Restos du Cœur ont moins de 25 ans.
✔️ Le nombre de personnes accueillies sur un an a augmenté de 22% sur les trois premiers mois de la campagne d’hiver par rapport à l’année dernière.
✔️ 170 millions de repas distribués cette année, soit 30 millions de plus que l’année dernière, sachant que l’association assure environ 1/3 de la distribution alimentaire nationale.
L’inflation est d’ailleurs tellement marquée dans le secteur alimentaire, qu’elle touche désormais d’autres groupes sociaux. Plusieurs baromètres et enquêtes (IFOP, IPSOS, Secours Populaire…) font état de privations alimentaires en lien avec l’inflation et la pression entre le paiement des dépenses incompressibles (loyers, crédits) et les dépenses courantes essentielles (alimentaire, essence…).
Ainsi, selon le dernier baromètre du Secours Populaire Français : environ 1/3 des français répondants ont ainsi déclaré ne plus faire 3 repas par jour.
Ces privations atteignent des records. Le contexte économique renforce également les phénomènes de non-recours aux soins, malgré l’existence de dispositifs tels que la CMUC …
Au-delà de ces inquiétudes légitimes, la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) et plusieurs associations ont salué ces 25 mesures du Pacte des Solidarités, mais décrient le manque d’ambition et soulignent l’insuffisance des mesures au regard des besoins et de la volumétrie des personnes en situation précaire.
Quid également des moyens attribués aux acteurs de la solidarité pour la mise en œuvre de ce Pacte ? La revalorisation des salaires ? L’amélioration de l’attractivité des métiers ?
Le secteur du social est de plus en plus sollicité : l’État faisant porter de plus en plus de responsabilités aux associations, partenaires …
Quid des personnes âgées et de la jeunesse ?
Quid des problématiques de régularisation au regard de la situation administrative ?
Quid des enfants à la rue, des familles, des isolés grands marginaux ?
Début 2024, une « conférence permanente des solidarités » sera mise en place par le Gouvernement avec les partenaires impliqués dans la mise en œuvre de cette stratégie.
POUR ALLER + LOIN
Retrouvez :
✔️ L’article sur la présentation du Pacte des Solidarités aux fédérations et associations de lutte contre la pauvreté, en cliquant ici ;
✔️ la liste des vingt-cinq mesures du Pacte des Solidarités, en cliquant ci.