5 ans après la dernière CTS axée sur la thématique de la jeunesse et leur accès au logement, et face au constat partagé d’accompagner de plus en plus de jeunes exposés à des situations de plus en plus complexes, le SIAO du Val-d’Oise a organisé une Coordination Territoriale Semestrielle (CTS) le 9 novembre 2023 à Éragny-sur-Oise.
Au programme : un diagnostic territorial du SIAO, des restitutions de tables rondes d’experts (gestionnaires/prescripteurs), les réponses de l’État (DIHAL, DDETS), une analyse des enjeux régionaux (URHAJ), des témoignages de jeunes et plusieurs retours d’expériences de professionnels locaux. L’évènement aura permis aux différentes parties prenantes de l’accompagnement des « jeunes » du territoire de présenter leurs constats, leurs appréhensions, leurs visions et leurs solutions.
Après une introduction par la mairie d’Éragny sur le rôle des pouvoirs publics & collectivités (implantation de plus de 300 futurs logements locatifs intermédiaires sur la commune), le SIAO 95 a présenté un diagnostic territorial de ce public avec au préalable une définition sémantique de la jeunesse. Cette dernière ne renvoie pas à un groupe social homogène ; en effet, au vu de la pluralité des profils différents accompagnés, un public « jeunes » au pluriel est plus adapté.
La jeunesse pourrait ainsi se définir comme une période qui présente des risques de vulnérabilité en raison du caractère transitoire du passage à l’âge adulte, marquée par une exposition plus forte à l’incertitude quant à l’avenir et certaines attentes en matière d’autonomie financière ou résidentielle.
Le logement devient alors un enjeu crucial parce qu’il est peut-être davantage pour ce groupe d’âge, synonyme de sécurité, de stabilité, d’autonomisation, d’accès à l’emploi et d’intégration sociale. Par conséquent, l’intégration réussie des jeunes apparaît comme un enjeu social majeur.
L’accès au logement des jeunes vulnérables est un problème multifactoriel, imbriquant plusieurs dimensions et facteurs qui sont interdépendants entre eux et qui contribuent selon des degrés divers à une situation de fragilité.
Quelques indicateurs nationaux de cadrage ont été communiqués :
✔️ en 2022, le taux de chômage des 15-24 ans était de 17,3% contre 6,6% chez les 25-49 ans ;
✔️ un jeune sur quatre vit sous le seuil de pauvreté ;
✔️ 1/4 des sans-abris sont d’anciens enfants placés auprès de l’ASE ;
✔️ 1/4 des sans-abris ont subi des violences ou ont été maltraités au cours de leur enfance ;
✔️ forte augmentation des troubles de santé mentale depuis la crise sanitaire (dépressions, anxiété).
Quelques indicateurs du SIAO 95 – sur les demandes de mises à l’abri au 115-95 :
✔️ les jeunes ont représenté, en 2022, 1/3 des demandeurs principaux de mise à l’abri au 115 (1 052 sur un total de 3 126) ;
✔️ 40% de l’ensemble des demandes de mise à l’abri des jeunes ont reçu une réponse négative ;
✔️ la majorité des jeunes en recours au 115 sont sans ressources (en 2ème position : le RSA) ;
✔️ près de 350 places supplémentaires « jeunes » à orientation du SIAO ont vu le jour dans le Val-d’Oise entre 2018 (658 places) et 2023 (950).
Sur le volet insertion :
✔️ 27% des demandes en attente de proposition émanaient de jeunes (1 150 ménages sur 4 290) ;
✔️ 527 ménages (dont le demandeur principal est un jeune) ont été admis en 2022, une volumétrique identique à celle de 2017 ;
✔️ Parmi ces 527 ménages admis en 2022 : 52% ont été admis sur du logement intermédiaire (principalement FJT et RJA), 36% ont été admis sur de l’hébergement (principalement HU) et 12% vers du logement social. C’est un changement de paradigme par rapport aux jeunes en 2017 qui ont été majoritairement admis dans du logement intermédiaire (81%) ;
✔️ Le délai moyen entre la demande d’insertion et l’admission, pour tout le public général admis est de 16 mois, mais ce délai est d’environ 11 mois pour le public admis « jeune ».
Témoignage des jeunes
En écho à la présentation chiffrée, 2 jeunes femmes, qui autrefois étaient prises en charge par l’ASE, ont pu témoigner de leur parcours. Elles ont notamment relaté leur passage à la rue, la difficulté d’avoir un contrat « jeune majeur », l’alternance entre le « job étudiant » et les études, l’anxiété liée à la fin du financement de l’ASE de leur logement. Le 115 du Val-d’Oise a permis à l’une d’entre elles d’être mise à l’abri tandis que l’association REPAIRS!95 leur aura permis de trouver un logement « jeune travailleur ». Ces 2 jeunes sont aujourd’hui bénévoles (et co-fondatrices) de REPAIRS!95 et participent à la pair-aidance, encourageant ainsi les jeunes à ne jamais abandonner.
Restitution gestionnaires de places et prescripteurs
2 groupes de travail ont permis à des partenaires d’apporter leur expertise :
- Les gestionnaires de places avec l’ANRS, l’ALJT, ESPACIL, l’ALFI & la Fraternité St-Jean.
- Les prescripteurs avec l’ARML, Garelli 95, le CHRD de Pontoise, le SSD de Cergy & COALLIA.
Les gestionnaires de places ont abordé les problématiques « jeunes » suivantes : la prise en charge de la psychiatrie/psychologie (manque de places) ; les difficultés budgétaires (impayés) ; l’insertion professionnelle, la maternité (de plus en plus de grossesses en structures chez les jeunes donc besoin d’accompagnement sur la parentalité, des réorientations et sur-occupation à gérer), les ruptures administratives (liées aux délais de renouvellement des titres de séjour/délivrance), la précarité alimentaire, le manque de moyens humains (TS), la fracture numérique, la « prostitution de survie » (réseaux).
Concernant les requêtes à destination de l’État : la création de dispositifs de veille sociale spécialisée « jeunes » (=/= tout public); l’ouverture de nouvelles structures d’hébergement « jeunes » (pour tous ceux n’ayant pas les critères du logement intermédiaire) ; l’accès aux soins (augmenter le nombre de places en psychiatrie et le nombre de professionnels) ; la création d’un canal dédié et réservé « public fragile » au niveau des préfectures pour les titres de séjour (d’autant qu’un nombre non négligeable de jeunes est enregistré « SYPLO », donc prioritaire au logement) ; augmenter l’attractivité des métiers du social.
Les prescripteurs, quant à eux ont abordé les problématiques suivantes : les ressources, la maternité, l’axe de la prostitution, l’aspect administratif (titres de séjour), l’aspect santé et handicap (très présent), un décalage entre l’offre et la demande des places, la question de l’insertion socioprofessionnelle, la scolarisation et la question de la mobilité (une difficulté évoquée par les jeunes).
La question des réfugiés et de la migration a également été abordée (les situations d’exil devenant de plus en plus importantes et complexes, amenant d’autres difficultés au-delà la rupture familiale).
Au niveau des solutions : sortir des dispositifs traditionnels (exemple : l’habitat intergénérationnel) ; les partenariats avec le Conseil Départemental et les différentes structures d’accueil pour les jeunes sortants d’ASE (objectif en 2024 de 300 places réservées par le CD sur les FJT, financement de 138 mesures d’accompagnements sociales en 2022 dans le cadre du FSL…) ; attirer et renforcer la présence de psychiatres et de psychologues au sein des structures à temps plein ; le programme EMILE pour les réfugiés (mobilité inter-régionale) ; un chez-soi d’abord pour les jeunes (un modèle qui porte ses fruits) ; travailler avec des lieux d’hébergement pour trouver des leviers des problématiques aux difficultés d’accès à l’habitat ; mobiliser les mécanismes de repérage pour anticiper ces situations ; favoriser les systèmes de pairs aidants.
Enfin, au niveau des doléances adressées à l’État, ont été relevés : l’insuffisance des garanties d’emprunt pour les jeunes ; le manque d’accès aux logements sociaux en raison du durcissement des critères d’accès ; la nécessité d’avoir des équipes pluridisciplinaires (besoins humains et financiers) ; le besoin de psychiatres et de lits supplémentaires (1/3 seulement des besoins couverts) ; la nécessité d’avoir un réseau dédié aux jeunes et la nécessité d’une prise en charge globale du public et non pas ponctuelle.
L’URHAJ Île-de-France (Habitat Jeunes Île-de-France) a ensuite pris la parole afin de fournir des clefs de lecture concernant les enjeux régionaux.
Pour rappel, l’Union coordonne une quarantaine d’associations et 132 résidences en IDF dont une quinzaine dans le Val-d’Oise. Elle constate que la fluidité dans le parcours aujourd’hui n’existe plus (embolisation du circuit de l’hébergement au logement). Même au sein de la population générale, les jeunes restent locataires parce qu’ils ne peuvent pas devenir propriétaires.
Ainsi, en France, 23% de la population est locataire dans le parc privé, qui reste le moyen de se loger le plus cher. Parmi ces 23%, il y a 59% de jeunes. Autre exemple : en moyenne, le taux d’effort tous âges confondus (part des ressources consacrées au logement) est de 10%. Or, chez les jeunes, il est de 22% en moyenne, et selon les profils, cela peut atteindre jusqu’à 50% ou 60%.
Enfin, les jeunes ne représentent que 8% des locataires du parc social. Cela signifie qu’ils sont largement sous représentés dans le parc, bien que destiné aux ménages les plus précaires.
L’URHAJ fait état de plusieurs constats, tels que l’aggravation et la multiplication des problématiques des jeunes : alors que le logement devrait être facteur de protection, de stabilisation et d’insertion, il est en réalité l’inverse, c’est-à-dire un facteur majeur de déstabilisation et des difficultés d’insertion qui se constatent au quotidien et particulièrement sur le public jeune.
L’Union préconise donc de s’attaquer aux freins du logement plutôt qu’aux freins de l’emploi, notamment en IDF, en réussissant d’abord à stabiliser la situation vis-à-vis du logement.
En outre, l’augmentation des problématiques psycho-sociales (le taux de suicide chez les jeunes notamment), l’augmentation du temps de séjour moyen dans les structures « jeunes » type FJT (> 2 ans désormais), ainsi que le niveau moyen des ressources (et leur pérennité) situé entre le RSA et le SMIC ont également été abordés, soulignant que le CEJ n’est pas suffisant.
Concernant les freins périphériques de l’accès au logement, 3 thématiques ressortent de l’URHAJ :
- les droits sociaux (pas de RSA jeunes, la réforme des APL).
- la prise en charge de la santé.
- la situation administrative (cercles vicieux avec un effet initiateur et catalyseur soit du basculement dans la précarité soit dans son enlisement).
Sur ce dernier point, un autre jeune, en situation de rue et accueilli parfois à l’accueil de jour/nuit de l’Ensemble a également livré un témoignage présentant les conséquences de la perte de son titre de séjour expiré sur son contrat professionnel et ses droits d’accès aux soins.
Du côté du public, les réactions et questions ont permis de dresser des constats conformes à ce qui a été jusqu’alors présenté durant cette CTS :
✔️ les difficultés psychiatriques ayant augmenté depuis quelques années et amplifiées suite à la crise COVID ;
✔️ les faits de « prostitution de survie », au départ invisibles et qui aujourd’hui sont plus explicitement apparents, permettant de favoriser une prise en charge de ces publics, mais rend compte également d’une paupérisation de celui-ci ;
✔️ les diagnostics par rapport à la régularisation, aux autorisations de travail ;
✔️ l’importance du partenariat dans le Val-d’Oise ;
✔️ le manque cruel de moyens & les difficultés de recrutement (les métiers ne sont pas attractifs) ;
✔️ de plus en plus de jeunes, notamment sans-papiers (mais pas que), hospitalisés pour des problématiques de santé importants (dont besoin de greffes/traitement) et qui n’ont pas d’hébergement. Il en est de même pour la prise en charge des troubles psychiatriques (stigmatisation du public pour lequel des logements sont refusés).
La seconde séquence s’est ensuite tenue avec l’intervention de l’État sur les réponses et les perspectives pouvant être apportées.
La DIHAL a rappelé qu’il s’agit d’un public particulièrement exposé aux vulnérabilités et aux ruptures. Ils travaillent sur la problématique de l’accès au logement des jeunes, afin de mener une véritable politique de prévention du sans-abrisme en amont, permettant de briser les schémas reproductifs de la précarité avec un repérage le plus en amont possible des situations.
Cette ligne directrice s’inscrit dans la politique du logement d’abord (dont le 2nd volet a été lancé en 2023). Le logement est donc au centre des préoccupations afin de pouvoir traiter l’ensemble des problématiques (et non pas l’inverse). La DIHAL part du postulat que tout le monde peut accéder à du logement, sans avoir besoin de faire ses preuves ni une capacité à habiter. Un paradigme, à l’encontre du parcours en escalier dit « classique ».
À l’échelle nationale, 25 000 nouveaux logements en résidences sociales seront agréés d’ici à 2027, auxquels s’ajoutent les nouvelles places déjà annoncées en intermédiation locative ou en pension de famille.
De manière opérationnelle, la DIHAL traite le sujet d’accès à l’habitat de la jeunesse en 3 segments :
- les solutions généralistes qui vont accueillir et accompagner les jeunes de manière générale : avec toutes les politiques de droit commun classiques comme les CHRS, les CHU, les logements sociaux et les dispositifs gérés par le FNAVDL par exemple.
- les solutions spécifiques pour les jeunes donc notamment les FJT ou les organismes comme les CLLAJ, par exemple, qui peuvent être également adossés à des places d’intermédiation locative.
- les dispositifs renforcés pour les jeunes notamment et pour ceux ayant les besoins les plus complexes tels que le dispositif « Un chez-soi d’abord jeunes », déjà mentionné ; un modèle ayant porté ses fruits et qui sera pérennisé et essaimé dans les années à venir dans d’autres territoires. La DIHAL a en ce sens, annoncé/rappelé qu’un Chez-soi d’abord « généraliste » avait ouvert à Cergy-Pontoise.
Plusieurs dispositifs existants ont également été rappelés :
✔️ l’appel à manifestation d’intérêt pour l’accompagnement de personnes en situation de grande marginalité (« Nouveaux toits » à Bezons de l’association Aurore) : 1 000 places à l’échelon national dont plusieurs sites accueillant uniquement des jeunes.
✔️ le fonds « coup de pouce » de l’UNHAJ.
✔️ le programme ALEJ (Accès au Logement et à l’Emploi des Jeunes) pour les publics spécifiques en bidonvilles.
✔️ le contrat engagement jeunes (CEJ) et son volet surtout « jeunes en rupture ».
✔️ le dispositif « premières heures » (de la rue à l’emploi) pour un retour progressif à l’emploi
✔️ le dispositif « TAPAJ » pour les jeunes souffrant d’addiction (retour à l’emploi aussi)
Au niveau des perspectives 2024, seront mis en œuvre :
✔️ un marché de formation des travailleurs sociaux en santé mentale, lancé et financé par la délégation interministérielle à la lutte contre la pauvreté : en Ile-de-France, INFOR santé est désignée pour former sur 4 ans 10 000 professionnels, avec deux jours en présentiel et une priorité accordée aux professionnels de l’AHI et de l’IAE.
✔️ un renforcement de la place des SIAO, dans le cadre du Plan du Logement d’Abord 2 : ces derniers seront amenés à devenir l’interface et la clé de voûte de pilotage, de la coordination, de l’accompagnement et de la pluridisciplinarité avec le lancement de référents emploi et de référents santé. Le volet « logement » du CEJ « jeunes en rupture » devrait être renforcé.
✔️ la DIHAL souhaite poursuivre les liens assez étroits avec l’UNCLLAJ et l’UNHAJ, pour améliorer sa connaissance des mécanismes de rupture des jeunes en ASE.
✔️ des travaux sur les préconisations de la prise en charge du public jeune dans le secteur AHI, quelle que soit la structure ou le dispositif, seront également mis en place.
L’État souligne la pertinence de la CTS et remercie tous les retours et initiatives des partenaires qui vont nourrir leur réflexion. Il reconnaît que ce public a beaucoup d’abnégation, de force et de volonté.
Sur l’échelon départemental, la DDETS 95 a présenté la stratégie locale axée sur le Plan Départemental d’Actions pour le Logement et l’Hébergement des Personnes Défavorisées (PDALHPD) qui vise à favoriser l’accès et le maintien dans un logement décent pour les personnes rencontrant des difficultés sociales et économiques. Ce travail partenarial avec les acteurs associatifs, le Conseil Départemental, l’État et autres partenaires est fondamental afin de trouver des solutions.
À cet effet, au précédent plan (2015-2022) s’est vu ajouté un axe spécifique sur la population jeune, en cours de route, en 2018. La DDETS 95 a reconnu le peu de solutions de cohabitation pour les jeunes sans ressources avec des difficultés d’accès en logement autonome, en hébergement, ou en Foyer Jeunes Travailleurs ou encore l’inadéquation des propositions d’hébergement qui n’étaient pas toujours adaptées aux aspirations des jeunes. Un diagnostic de la demande et de l’offre est en cours.
Sur le volet « jeunes », sur le nouveau plan départemental qui est entré en phase finale de validation, les axes de travail sont les suivants :
✔️ développer des solutions d’hébergement pour les jeunes sans ressources (focus sur les 18-25)
✔️ revoir les conditions d’appel à projets pour les FJT (surtout les questions de conditions d’accès)
✔️ proposer des solutions spécifiques et regarder surtout les expériences qui avaient été mises en œuvre sur le département (exemple : logements d’insertion à Villiers-le-Bel gérés par Aurore et dédiés au public « Jeunes »)
✔️ articulation avec la stratégie de lutte contre la pauvreté et éviter des sorties sèches des jeunes majeurs sortant d’ASE & coordonner les actions des divers partenaires du territoire.
Pour le nouveau PDALHPD, pour les 5/6 ans à venir : parmi les publics ciblés, sont cités les jeunes en rupture de parcours, avec une fiche spécifique « Parcours d’insertion des jeunes ». La DDETS 95 a certes constaté l’offre importante en FJT mais celle-ci présente des difficultés d’accès à l’entrée mais également en sortie tandis que des difficultés d’accès au logement autonome sont également constatés. Si la carence en logements sociaux et les titres de séjour sont des facteurs explicatifs, la DDETS propose des leviers basés sur les partenariats pour mieux prendre en compte les enjeux. Le retour des discussions qui ont eu lieu jusqu’ici se base sur la nécessité d’accompagner les ménages au plus près des situations et des parcours et parmi les points d’attention ont été relevé :
✔️ une grande diversité d’aides et d’accompagnements, mais avec un risque de dispersion ;
✔️ un enjeu de continuité dans l’accompagnement avec la nécessité d’avoir un référent unique et l’utilisation des passerelles entre tous les dispositifs ;
✔️ les difficultés structurelles dans le travail social (recrutement pour assurer le suivi des jeunes)
✔️ débloquer des expérimentations à suivre sur le territoire
✔️ suivi de la mise en œuvre accélérée du Logement D’Abord, notamment sur le territoire de Cergy-Pontoise et lien avec l’instruction nationale pour la structuration d’un service public « de la rue au logement ».
En ce sens, les axes de travail de la DDETS 95 sont donc focalisés sur :
✔️ sensibiliser et informer sur les différents types de logements sociaux (acculturation) : par exemple sur le PLAI-adapté ;
✔️ la définition du rôle du SIAO 95 dans le cadre du service public et de l’instruction précitée ;
✔️ l’identification d’un référent unique, en articulant les politiques insertion, petite enfance et santé et articuler les différents plans dont le PDALHPD avec le projet territorial de santé mentale.
Un rôle plus important des intercommunalités dans le cadre de la réforme des attributions est attendu. Ainsi, le système de cotation dans le cadre des attributions de logements sociaux (voir l’article dédié en cliquant ici) en constituerait l’un des leviers.
Un rappel a également été fait sur le CEJ, mis en place il y a plus d’un an et utilisé par l’ensemble des partenaires et surtout les prescripteurs que sont les missions locales et Pôle Emploi, avec un focus sur le « Contrat d’engagement jeunes en rupture » portant sur les publics les plus fragiles. La DDETS rappelle qu’il s’agit d’un programme renforcé, partenarial, multidisciplinaire offrant un référent tout au long du parcours du jeune et qui vise à l’amener vers l’emploi ou la formation.
Sur ce sujet, le public a interpellé l’État, considérant que les 528€ versés ne sont pas compatibles avec des jeunes vulnérables ne pouvant accéder ou se mettre en emploi facilement les 6 premiers mois de l’accompagnement. Un temps de préparation du projet professionnel est nécessaire : il y a des problématiques périphériques et des freins à lever qui en 6 mois sont difficiles à mettre en œuvre.
Certains partenaires déclarent se sentir en échec malgré la volonté des professionnels et des jeunes.
En ce qui concerne l’indemnisation CEJ jugée insuffisante par les partenaires, la DDETS 95 rappelle que cette allocation est cumulable avec d’autres ressources.
Selon l’URHAJ, le logement demeure toujours le parent pauvre du CEJ. L’Union rappelle que les ressources des jeunes demeurent insuffisantes pour accéder à l’offre francilienne de logements. Il y a une vraie impasse en termes de logement sur les jeunes en CEJ ; ces derniers pourraient relever du CHRS alors même qu’il y a peu de places.
L’État rebondit en indiquant qu’il travaillera à améliorer ce périmètre du logement, sachant que quelques dispositions ont déjà été modifiées dans l’appel à projet de l’été 2023 avec la possibilité de mobiliser l’enveloppe de dix millions d’euros (aide à l’installation, à la prévention des ruptures, aides ponctuelles sur les loyers et dettes locatives..) Sur le plan local, une expérimentation sur le volet « logement » est en cours de réflexion sur le Vexin en lien avec le Plan Régional d’Insertion pour la Jeunesse (PRIJ).
En lien avec cette dernière partie, la CTS s’est conclue sur les initiatives locales expérimentées par « Studios Jeunes » et « REPAIRS !95 », à commencer par cette dernière.
REPAIRS !95 est une association départementale (basée à Cergy-le-Haut) d’entraide et d’accompagnement des personnes accueillies en protection de l’enfance dans le Val-d’oise mais aussi de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse). Celle-ci est axée sur la pair-aidance, base de leur travail, pour aider les nouveaux jeunes en situation de vulnérabilité, dans ce système.
REPAIRS !95 réalise un grand travail de partenariat et d’actions collectives avec des travailleurs sociaux et considère qu’il y a une complémentarité entre ces derniers et la pair-aidance. L’association surenchérit sur la difficulté d’obtention des documents administratifs, décriée comme venant mettre des freins à des jeunes qui ont beaucoup de volonté (et des professionnels). En ce sens, elle doit constamment compenser ce que le droit commun ne permet pas de répondre et accompagne les jeunes pour qu’ils deviennent autonomes (apprentissage administratif, vie quotidienne…)
Studios Jeunes – Villiers-le-Bel
« Studios Jeunes », porté par la Mission Locale du Val-d’Oise Est en complémentarité avec l’association Aurore, permet d’amener des jeunes vers le logement via 28 studettes avec un accompagnement social avec un contrat de sous-location (durée de 2 ans).
Ce projet, créé en 1995 à l’initiative de la ville de Villiers-le-Bel en lien avec le bailleur VOH (Val-d’Oise Habitat) et de la Mission Locale, est reconduit régulièrement avec une convention toutes les 5 ans en l’adaptant à l’évolution des besoins de la population jeune de Villiers-le-Bel et des communes limitrophes, à destination de jeunes isolés (exception faite d’une studette pour 1 couple ou 1 F+1).
La clé de la réussite de ce projet repose sur l’implication active des acteurs du dispositif qui se réunissent tous les mois lors d’une commission, chacun ayant une application distincte :
✔️ application financière pour la ville de Villiers-le-Bel ;
✔️ application technique pour le bailleur VOH ;
✔️ application de suivi de la Mission Locale et du CCAS de Villiers-le-Bel ;
✔️ application d’accompagnement de l’association Aurore.
Ce dispositif s’adresse aux jeunes majeurs 18-30 ans et domiciliés sur le périmètre de la communauté de communes, avec un accès privilégié aux jeunes de Villiers-le-Bel ; en démarche d’insertion sociale, connaissant un cumul de difficultés sociales, familiales, professionnelles et d’hébergement, avec un projet professionnel en cours de validité ou validé, disposant d’un minimum de ressources.
Un accompagnement social (socio-éducatif) lié au logement est proposé, en parti subventionné par le Conseil Départemental et la mairie de Villiers-le-Bel.
Sur ce dernier point, en lien avec la DDETS, depuis février 2023, les jeunes peuvent désormais être labellisés ce qui facilite la proposition de relogement, les rendant prioritaires.
Conclusion
Cette CTS, riche en informations et constats aura permis de réunir 85 participants. Nul doute que la thématique, tant celle-ci est prégnante et d’actualité, continuera d’être de nouveau abordée dans une future CTS afin de produire, entre autres, un nouvel état des lieux.
POUR ALLER + LOIN
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