Le nombre de femmes enceintes ou avec un enfant de moins de 6 mois en situation d’errance est en constante augmentation. Les profils de ces femmes sont variés, bien que l’on observe beaucoup de jeunes femmes de 18 à 25 ans et des femmes en situations irrégulières seules ou avec leur famille.
Pourquoi ces femmes se retrouvent-elles à la rue ? Nous pouvons soulever plusieurs hypothèses. Pour une jeune femme, l’annonce de sa grossesse peut être difficilement vécue face à la réaction sa famille. En effet pour plusieurs d’entre elles, cette annonce a pour conséquence une rupture brutale, les laissant seules, sans ressources, exclues du domicile.
Pour d’autres, la grossesse apparaissant durant un parcours d’études, elles ont dû faire face au regard de la famille et la nécessité de trouver un hébergement au vu du changement de composition familiale à venir. Les gestionnaires de résidence étudiantes rencontrent de plus en plus ce type de situation. Ils doivent alors signifier une fin de prise en charge au sein de leur structure, laquelle n’étant pas habilitée ou adaptée pour accueillir des enfants.
La situation de précarité des futurs pères accentue généralement l’isolement des jeunes mères.
Sur le Val-d’Oise, cela représente chaque mois environ 83 femmes présentant l’une de ses situations. Sur ces 83 situations, une cinquantaine trouve une réponse de mise à l’abri par le 115. Les autres trouvent refuge principalement dans les halls d’hôpitaux et autres lieux publics.
Le phénomène est tel que les structures d’accueil de jour et de nuit (ADJ/ADN) reçoivent parfois des femmes arrivant à leur terme frôlant parfois l’urgence sanitaire. Cependant, n’étant pas une structure médicalisée, les personnels sur place ne sont pas en mesure d’accompagner la future mère en cas de naissance imminente, comme cela a pu se produire récemment au sein de l’ADJ/ADN de L’Ensemble à Cergy. À ce jour, ce dispositif accueille en moyenne 2 femmes enceintes par semaine. La fréquentation mensuelle tournant autour de 114 femmes au sein cet accueil.
Dans toute l’Île-de-France, des actions sont menées pour proposer des services, informer et orienter ces femmes pour un meilleur suivi médico-social de leur grossesse :
✔️ l’ARS (Agence régionale de la Santé) met en place différents programmes sur la périnatalité et la santé du nourrisson. La stratégie régionale est à la baisse de la mortalité en organisant et en régulant l’offre de soins face aux tensions sur les maternités ;
✔️ des collectifs se mettent en place comme le Réseau Périnatal du Val d’Oise (RPVO), qui permet aux femmes enceintes un meilleur suivi de leur grossesse, grâce à une coordination de leur prise en charge afin de favoriser leur accès aux soins ;
✔️ le réseau Solipam (Solidarité Paris Maman) intervient dans toute l’Île-de-France et permet aux femmes de faire appel à la coordination sociale/et ou médicale à tout moment de leur parcours de soins. La structure permet de garantir une coordination en réseau pour assurer une action territoriale pluridisciplinaire concertée et adaptée. Les prises en charge sont globales et en coordination avec différents professionnels : médecins, assistantes sociales, psychologues, coordinateurs 115, associations hébergement, restaurants sociaux, lieux de parentalité.
Dans le Val-d’Oise, le CHU « Pré-Post Maternité » situé à Pontoise a ouvert ses portes en mai 2022 et recense 10 places pour des femmes seules et 1 place femme seule avec un enfant de moins de 3 ans, enceintes dans leur 3e trimestre de grossesse. Les orienteurs sont les assistantes sociales d’hôpitaux et de cliniques, ainsi que les sages-femmes de PMI du département. L’accueil est inconditionnel et permet aux femmes de faire une pause dans le parcours d’errance avec un accompagnement social proposé par la structure.
Beaucoup d’actions sont mises en place mais le manque de places adaptées demeure pour ce public qui s’accroit d’année en année.