Journée nationale de la FAS – le Logement D’Abord du point de vue du travail social

Le 28 mai 2024, la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS) a organisé une journée nationale portant sur le Logement D’Abord (LDA) à travers le prisme du travail social.  

Les objectifs de cette journée étaient de partager les pratiques d’accompagnement social liées à la philosophie du Logement D’Abord, de présenter des solutions existantes pour répondre aux besoins des personnes accompagnées et de valoriser les recherches sur le Logement D’Abord et ses dispositifs. 

Le Président de la FAS, Pascal BRICE, a débuté la journée en soulignant le contexte de crise avec 2,5 millions de personnes en attente de logement, et le dysfonctionnement des mesures gouvernementales (détricotage de la loi SRU, stigmatisation des ménages les plus pauvres…). Malgré la mise en place d’un deuxième plan quinquennal en 2023, les principes fondamentaux du LDA ne sont pas appliqués uniformément sur le territoire et les personnes les plus précaires rencontrent encore des difficultés pour se loger. 

Tout au long de la journée, le LDA a été abordé sous l’angle de l’accompagnement social.  

Manuel HENNIN, Directeur de la mission Accompagnement, Parcours et Accès au Logement (APAL) de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), a rappelé que le LDA doit placer l’individu au centre de l’accompagnement, en prenant en compte ses besoins et en lui offrant une prise en charge adaptée. Cet accompagnement doit être modulable et pluridisciplinaire (social, professionnel, médical…). Il repose sur une auto-évaluation des besoins et un diagnostic réalisé par un professionnel. Cela permet de viser la réduction des risques et le rétablissement personnel (la possibilité d’aller mieux, avec ou malgré la présence de troubles), en intégrant des actions collectives et participatives. En sus, la FAS a insisté sur la nécessité de prendre en compte le pouvoir d’agir des personnes, de valoriser les savoir-faire expérientiels et de permettre à chacun de prendre sa place.  

Cependant, il manque encore de la structuration et de la cohérence entre les nombreux dispositifs d’accompagnement existants : le vocable différent, les modalités de prises en charge, les informations partagées… Il semble donc essentiel que les structures de l’AHI puissent repenser les modalités d’articulation entre elles, afin de garantir une plus grande continuité entre les dispositifs qui sont actuellement plutôt « séquentiels » et qui manquent de souplesse. Il est également important de partager les informations et de capitaliser sur les expériences passées. 

Les intervenants ont également insisté sur l’importance d’organiser des séances de formation en collaboration avec les bailleurs de manière à acquérir un vocabulaire commun et d’améliorer l’acculturation de toutes les parties prenantes concernant l’accès au logement des ménages accompagnés. Il est nécessaire de renforcer la relation entre les bailleurs et les travailleurs sociaux pour échanger sur les problèmes rencontrés et trouver des solutions, lors de commissions. 

Sylvain LE MAY, chargé de mission LDA au sein de l’association « Les Enfants du Canal », a mis en avant le besoin de former les équipes professionnelles à ce nouveau concept, qui propose « l’accès au logement sans passer par toutes les étapes de l’hébergement et du logement intermédiaire ». Néanmoins, il est évident que le logement de droit commun n’est pas la seule option, qu’il ne faut pas opposer aux dispositifs déjà en place.  

Les SIAO pourraient jouer un rôle de coordination pour assurer la continuité des parcours des personnes accompagnées. La mise en place de référent-thématique au sein des SIAO, permettrait la connexion des politiques publiques de l’hébergement et du logement avec le monde du travail, du médico-social, de la santé afin de travailler en transversalité et non plus en pôle d’expertise.  

Cependant, le principal obstacle à la réalisation effective du LDA réside dans le manque de logements. Le Directeur des politiques urbaines et sociales de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH), Thierry ASSELIN, a mis en évidence l’importance de poursuivre la production de logements et d’impliquer les collectivités dans l’adaptation du parc foncier. La salle a également souligné l’importance de maintenir ou de renforcer les ressources financières accordées à des expériences qui ont démontré leur efficacité, telles que les HLM-accompagnés, ainsi que de renforcer les moyens accordés au Fond National d’Accompagnement Vers et Dans le Logement (FNAVDL). Il est aussi fondamental de trouver des sources de financement alternatives, en particulier pour les équipes de santé mobiles dont la coordination avec les structures de l’AHI mérite d’être améliorée. 

Deux chercheurs en politiques sociales de l’université de Grenoble-Laboratoire PACTE et la coordinatrice de l’association Peuples des Villes ont terminé la journée en présentant une de leur recherche-action portant sur la participation des résidents en pension de famille et l’évolution de leur capacité d’actions. Ils ont prouvé que l’application de la Loi 2002-2 ne se limitait pas à rendre obligatoire la participation aux actions collectives. Il est nécessaire de redonner du pouvoir d’agir aux habitants en respectant le rythme et leur choix. Ceci pour favoriser une implication collective dans les moments partagés et une appropriation des sujets par les individus.  À la suite de cette étude, un guide a été rédigé explicitant comment mettre en œuvre des actions pour développer le pouvoir d’agir des locataires et comment mieux prendre en compte les droits des personnes accueillies, à télécharger en cliquant ici.

POUR ALLER + LOIN

Retrouvez le rapport de recherche Le Logement d’abord saisi par ses destinataires, en cliquant ici.

Téléchargez le support de cette journée, en cliquant ici.

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