Retour sur la Journée nationale de l’habitat des jeunes 2024

La Journée Nationale de l’Habitat des Jeunes 2024, organisée par l’Union Nationale pour l’Habitat des Jeunes (UNHAJ), s’est tenue le 21 novembre à Paris, sur le thème « Le travail des jeunes : entre contraintes et émancipation ». Cet événement a réuni divers acteurs, tels que des partenaires institutionnels, des experts universitaires, des associations et des porteurs de projets, afin d’explorer les enjeux actuels liés à l’habitat et à l’emploi des jeunes.
La réforme de l’apprentissage de 2018, qui a modifiée l’organisation de la formation professionnelle et de l’apprentissage afin d’en garantir un meilleur accès et la création du Contrat d’Engagement Jeune (CEJ), prolongement de la Garantie Jeune, font partie des dernières mesures importantes prises pour l’accompagnement à l’insertion professionnelle de ces publics.
Le CEJ1 s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans qui ne sont pas étudiants, ne suivent pas de formation et qui présentent des difficultés d’accès à l’emploi durable. La signature d’un CEJ permet à ce public de bénéficier d’un accompagnement individuel et intensif avec un objectif d’entrée rapide et pérenne dans l’emploi. Il est mis en œuvre par France Travail et les missions locales.
Les conditions de signature du CEJ sont étendues à 29 ans révolus pour des personnes qui bénéficieraient d’une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH).
La signature d’un CEJ permet aux jeunes de percevoir une allocation mensuelle versée pendant la durée du contrat, dont le montant varie en fonction de l’âge et des ressources du bénéficiaire.

Ces mesures ont-elles réellement contribué à réduire la précarité des jeunes ?

PRÉCARITÉ DES JEUNES ET BILAN DES MESURES CONCERNANT LEUR INSERTION
On apprend que 30% des jeunes ont encore aujourd’hui recours aux aides alimentaires, ce qui constitue un réel signal d’alerte.
La réforme de l’apprentissage a été un succès, notamment pour les apprentis de l’enseignement supérieur. Cependant, elle reste plus limitée pour les jeunes dans des formations de niveau inférieur. En effet, la réforme n’a pas pris en compte l’ensemble des besoins, notamment en matière d’aide au logement.
D’une manière plus générale, la question d’un assouplissement des conditions d’accès au chômage a été soulevée : les jeunes ayant un premier emploi précaire, notamment les apprentis, n’ont pas droit aux allocations chômage, ce qui les expose à une double peine, passant de la précarité à la pauvreté et limitant de ce fait leur accès au logement.
Le CEJ, quant à lui, a permis de sécuriser environ 300 000 jeunes, mais cette allocation reste insuffisante. Elle est un premier pas pour se projeter, mais ne constitue pas une solution durable face à la précarité. De plus, étant soumise à des quotas, elle ne touche pas tous les jeunes dans le besoin.
Le CEJR (Contrat d’Engagement Jeune Renforcé) vise les jeunes en grande précarité, mais n’inclut pas de dispositifs d’indemnisation adaptés, à l’instar du CEJ classique.
Dans ce contexte, l’idée d’ouvrir le Revenu de Solidarité Active (RSA) aux jeunes, sans condition, a été largement abordée. Il est rappelé que la France reste le seul pays européen à exclure les jeunes d’un revenu minimum.
L’harmonisation et la revalorisation des Aides Personnalisées au Logement (APL) ont aussi été évoquées.
Enfin, ces interventions ont pointé la nécessité de penser les différentes mesures prises à destination des jeunes dans une logique de projection : plus nous investissons dans les jeunes, plus nous renforçons le système de solidarité intergénérationnelle, ce qui devrait devenir une priorité des politiques publiques.

LES FREINS DE L’ACCÈS ET DU MAINTIEN DANS L’EMPLOI

1-Le Logement

Les échanges ont mis en lumière un lien entre les difficultés économiques rencontrées par les jeunes et leur difficulté à accéder à un logement stable et abordable. L’alliance entre logement et emploi est essentielle. Quand un jeune cherche un emploi, l’une des premières questions à lui poser devrait être : « Avez-vous un logement ? ».
Aujourd’hui, l’accès au logement autonome reste trop souvent associé à une notion de « récompense » qui serait acquise après avoir trouvé un emploi.
Les discussions ont souligné l’importance de renforcer les liens entre les secteurs du logement et de l’insertion professionnelle. France Travail et l’UNML (Union Nationale des Missions Locales), entres autres, réaffirment leur volonté de travailler plus conjointement dans les années à venir afin d’anticiper les futures réformes.
En conclusion, la question du logement a été largement oubliée dans les réformes récentes liées à l’emploi des jeunes, comme celles concernant l’apprentissage ou le CEJ.

2-La Mobilité

Comme le logement, la mobilité des jeunes est aussi un sujet majeur à aborder et à mettre en lien avec l’accompagnement à l’insertion professionnelle. Au cours de la journée, il a été mis en lumière la problématique des jeunes vivant en zones rurales et qui doivent renoncer à des opportunités professionnelles, faute de moyens de locomotion ou ne disposant pas de réseau de transports en commun.
Le phénomène de métropolisation, avec une concentration de la population dans 25 grandes métropoles, soulève des questions sur l’aménagement du territoire. Lorsqu’on parle d’insertion des jeunes, il est essentiel de repenser ces territoires et la mobilité de manière globale, en prenant en compte la mobilité quotidienne.
Lors des diagnostics socio-professionnels, il est important d’identifier ces problématiques et d’en faire la visibilité à grande échelle sur chaque territoire.
Ce constat a amené les différents intervenants à se poser la question suivante : faut-il repenser la mobilité dans ces régions en termes inversés, où ce ne serait plus les jeunes qui devraient se déplacer, mais les entreprises qui viendraient s’implanter dans ces territoires ?

3-Le droit de séjour des jeunes étrangers
Les jeunes travailleurs étrangers sont confrontés à une grande difficulté, la fin de validité de leur titre de séjour, qui représente l’une des principales causes de rupture dans le logement. Ces travailleurs jeunes représentent pourtant une main d’œuvre importante qu’il est primordial de valoriser. Autoriser les demandeurs d’asile à travailler et stabiliser leurs conditions de régularisation viendraient lever un frein important de maintien et d’accès au logement.
Au cours des échanges, il a été indiqué que la loi « plein emploi » du 18 décembre 2023, « qui porte l’ambition d’un emploi pour tous à travers un accompagnement socio-professionnel renforcé pour les personnes les plus éloignées de l’emploi »2 , exclut :
✔️ les Mineurs Non Accompagnés (MNA) ;
✔️ les demandeurs d’asile ;
✔️les jeunes bénéficiant du CEJ et de ses dispositifs d’accompagnement.
Dans ce contexte, de nombreux acteurs projettent de mener des actions visant à faire évoluer cette législation auprès des parlementaires.

COMMUNICATION AUPRÈS DES JEUNES ET ACCÈS AUX DROITS
La question de la communication autour des droits des jeunes a également été mise en avant. Le dispositif « 1 jeune, 1 solution » a permis de mettre en lumière de nombreuses aides existantes, mais il est crucial de mieux informer les jeunes, au bon moment, et de leur fournir un accès simple aux informations. Beaucoup d’entre eux ignorent les dispositifs disponibles, malgré l’existence de nombreux outils comme le simulateur créé par France Travail, qui permet à chacun de découvrir ses droits. Pour plus d’informations cliquez ici.

Les ateliers et tables rondes proposés au cours de la journée, ont permis d’explorer plus finement les questions de l’emploi et du logement dans un contexte de précarité importante et les nouvelles attentes formulées par les jeunes.
Il a été mis en évidence la nécessité de repenser les réponses à leurs besoins en matière d’accès au logement, à l’emploi et à la citoyenneté. Il semble nécessaire d’inventer des stratégies innovantes dans les années à venir. Cela devra nécessairement passer par un changement de modèle et de représentation dans les réponses apportées aux besoins des jeunes : l’accès à l’emploi ne peut être pensé sans la question du logement et de la mobilité, et inversement.

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