Les résidences intergénérationnelles appartiennent à la catégorie du logement social, à la différence qu’elles apportent des services supplémentaires en termes d’accompagnement et de lien social entre les habitants. La « formule-type » est une résidence dite HLM intégrant une offre d’animations, des services à domicile, des logements adaptés pour personnes âgées et des espaces communs. Les résidences intergénérationnelles relèvent donc de l’habitat et non du secteur du médico-social. Peuvent ainsi être logées des « personnes âgées autonomes », les personnes âgées dépendantes étant orientées sur le secteur médico-social. Ici, on va s’intéresser avant tout à la problématique de l’isolement, du lien social.
Ces résidences représentent une voie alternative à l’entrée en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et permettent un maintien à domicile.
Selon l’étude Solitude et isolement des personnes âgées en France – Quels liens avec les territoires ?(1) « Les personnes de 60 ans et plus expriment une volonté marquée de vieillir chez elles à 84 % (45 % avec des aides à la vie quotidienne, 39 % exactement comme aujourd’hui) ». Quand vivre chez soi n’est plus possible à cause de l’isolement, les modalités de vie inclusives peuvent être une réponse.
En France, 19,6 % des habitants ont 65 ans et plus. D’après l’INSEE, 1 habitant sur 4 aura plus de 65 ans en 2040 et 1 sur 3 en 2060 en France(2). Ces modèles permettent de maintenir les personnes âgées sur des logements autonomes, tout en étant au sein d’un groupement solidaire. Elles peuvent dès lors rester sur leur commune ou tout du moins au plus proche de leur lieu de vie, de leurs habitudes et de leurs proches.
L’habitat intergénérationnel est également une réponse à l’éclatement des familles. Ces résidences sont conçues pour faire se côtoyer et cohabiter des personnes de différentes générations, en suscitant entraide et réciprocité, autrefois naturelles.
À la différence du logement social, les résidences intergénérationnelles sont donc planifiées et aménagées par une collectivité, généralement avec l’aide d’un bailleur, en vue de loger à la fois des locataires jeunes et âgés. Y vivent des familles, des personnes isolées, des enfants, des séniors… Toutes les catégories socio-professionnelles y sont mélangées. L’architecture du lieu a été pensée pour favoriser le lien social et susciter des échanges entre les locataires :
✔️ des logements privés pouvant être spécialement adaptés aux personnes à mobilité réduite ;
✔️ des salles communes qui permettent la rencontre et le développement d’activités : clubs de bricolage, jardinage, sport, bien-être…
✔️ la mutualisation de biens : local pour vélos, voitures électriques, buanderie, jardin…
Des activités peuvent être proposées au sein de la résidence ou bien à l’extérieur.
Ces lieux de vie reposent sur le vivre-ensemble, la solidarité entre les habitants et la valorisation des liens intergénérationnels, dans une société où les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses à souffrir d’isolement et de solitude. Au sein de chacune des résidences, un professionnel est chargé du développement du lien social et intergénérationnel. Il est disponible pour répondre aux besoins spécifiques des locataires âgés.
Pour faire vivre ces résidences, le volet animation est crucial. En effet, la solidarité de voisinage comme fondement des relations intergénérationnelles ne se décrète pas, elle se vit. Le projet et les activités sont construits avec et par les habitants et accompagnés par un professionnel en charge de l’animation.
Pour assurer la pérennité du projet social et le bon fonctionnement de la résidence, il est indispensable que l’ensemble des réservataires impliqués en amont du projet soit vigilant à l’équilibre de la résidence entre les séniors, les familles et les jeunes lors de l’attribution des logements. En effet, l’attribution des logements en résidence intergénérationnelle respecte les procédures imposées par la Loi Elan : pour chaque logement qui se libère trois dossiers doivent être instruits (exception faite pour certains dossiers DALO), puis présentés à la CALEOL qui prendra la décision d’attribuer le logement à tel ou tel ménage. Le choix du ménage ne pouvant reposer sur un critère d’âge, le risque est grand de voir l’originalité de leur projet social s’effacer et la dynamique de départ, portée par les partenaires, s’essouffler avec le temps.
Un déséquilibre peut également se créer si la participation des habitants à la vie de leur résidence s’essouffle. Si une dynamique collaborative n’est pas impulsée et portée par un professionnel formé aux démarches intergénérationnelles, les habitants pourraient alors se contenter de vivre les uns à côté des autres.
RENCONTRE AVEC LE BAILLEUR VAL D’OISE HABITAT
Pour mieux comprendre ce type d’habitat, nous sommes allées à la rencontre de Val d’Oise Habitat. Ce bailleur gère 7 résidences intergénérationnelles réparties sur le territoire.
Pour assurer l’animation et le bien-vivre de ses locataires, Val d’Oise Habitat s’appuie sur le prestataire Maison Marianne et/ou sur ses chargés de développement social et urbain. Au sein de chacune des résidences, un gardien, qui en plus de son rôle classique, assure un accompagnement personnalisé des résidents seniors, encourageant ainsi une dynamique d’entraide et de proximité. Il est en charge de la gestion de la salle d’activités et de l’élaboration des animations en lien avec les locataires. Pour assurer une animation régulière, Val d’Oise Habitat fait également appel à des prestataires extérieurs en fonction des demandes exprimées : coiffeur, sport… Le projet peut inclure également la mutualisation de services, tels que des services médico-sociaux : passage infirmier, kinésithérapeute, livraison de repas…. Pour mobiliser le plus de locataires, le gardien ainsi que le prestataire ont recours à l’affichage, le porte-à-porte, le bouche-à-oreille, mais aussi une application « Marianne et vous ». L’objectif est de favoriser le pouvoir d’agir des résidents, valoriser le collectif et le vivre-ensemble. Les locaux sont aménagés pour être accessibles et conviviaux (couleurs, signalétiques, confort des espaces avec du mobilier adapté…).
Des conseillères sociales tiennent des permanences régulières sur les résidences.
Aujourd’hui, le bailleur Val d’Oise Habitat souhaite ouvrir d’autres résidences intergénérationnelles qui permettent de proposer une alternative d’accueil aux personnes âgées, mais également de favoriser le parcours résidentiel de jeunes ménages et le maintien des familles sur le territoire.
POUR ALLER + LOIN
✔️ Pour en savoir plus sur les Maisons Marianne, cliquez ici ;
✔️ Le SIAO ne dispose pas de place pour ce type de résidence. Retrouvez une partie des établissements du territoire, en cliquant ici.