Précarité et hygiène, un enjeu de santé publique

Le 5e baromètre “Hygiène et précarité” est réalisé conjointement par l’association Dons Solidaires et l’IFOP. Il vise à quantifier l’impact de la précarité économique sur l’estime et la présentation de soi, ainsi que sur les habitudes de consommation de produits hygiéniques. Sur une base annuelle, ce baromètre permet de suivre l’évolution du taux de précarité hygiénique en France depuis 2019.

47% des répondants déclarent réduire leur consommation de produits d’hygiène dans le contexte d’inflation économique. Ils étaient 34% en février 2023, ce qui constitue une augmentation de 13 points de pourcentage en deux ans. Sur les 47% des répondants ayant déclaré réduire leur consommation de produits d’hygiène en raison de contraintes budgétaires, 47% des personnes jugent que ces restrictions ont eu un impact négatif sur leur confiance en eux et l’estime de soi. 17% des répondants ont dû arbitrer entre choisir des produits d’hygiène ou des produits de première nécessité, et notamment l’alimentaire. Les femmes, les foyers monoparentaux et les jeunes sont les plus concernés par la réduction de la consommation de produits d’hygiène. Parmi les produits auxquels les français renoncent par contraintes budgétaires, les cosmétiques arrivent très loin devant les autres produits d’hygiène comme le dentifrice, le gel douche, etc. 7% des répondants déclarent avoir eu recours à une aide pour avoir des produits d’hygiène. Ce taux est relativement stable depuis février 2023 puisqu’on comptait alors 6% des enquêtés ayant recours à une aide. Cela signifie que l’augmentation du nombre de personnes renonçant à des produits d’hygiène n’est pas corrélée à un accroissement des personnes ayant recours à un service d’aide pour se procurer des produits hygiéniques. Ce baromètre nous apprend que les français réduisent leur consommation par la réutilisation de produits à usage unique et par une diminution de la fréquence d’utilisation de ces produits. Cela se traduit par une réduction de la fréquence à laquelle les personnes vont se raser, se laver les cheveux, etc… Ces pratiques de renoncement ont un impact sur la vie sociale et professionnelle des personnes. En effet, 31% des personnes s’étant privées d’un produit d’hygiène par manque d’argent déclarent éviter de sortir de chez eux en raison d’un manque d’hygiène. 28% indiquent être mal à l’aise en contexte professionnel en raison de ces renoncements. Ces chiffres montrent le lien entre estime de soi, bien-être et précarité économique.

16% des femmes réglées déclarent ne pas disposer de suffisamment de protections hygiéniques pour elles ou leurs filles en raison d’une situation financière précaire. Ce chiffre est stable depuis février 2023 (15%) mais en nette augmentation par rapport à 2019 (8%) et 2020 (9%). 13% déclarent utiliser des produits de substitution alors qu’elles étaient 7% en 2019 et 6% en 2020. Ces deux indicateurs montrent une augmentation du non-recours à des protections hygiéniques en raison de contraintes budgétaires depuis 2019 et une stabilisation de ces indicateurs depuis 2023. Le baromètre montre un changement dans les usages des protections hygiéniques. Les femmes se tournent désormais majoritairement vers des solutions réutilisables pour des raisons à la fois écologiques (47%) et économiques (41%). Les femmes déclarant manquer de protections hygiéniques ressentent à 51% un sentiment de malaise, 46% du stress et 25% une perte de confiance en elle. L’accès aux produits d’hygiène a donc une influence majeure sur la perception qu’ont les femmes d’elles-mêmes.

23% des parents de jeunes enfants déclarent avoir renoncer à l’achat de couches et de produits d’hygiène/soin pour leurs bébés. Parmi ces derniers, ils sont environ 25% à adopter des stratégies de “débrouilles”, par exemple en réduisant la fréquence à laquelle ils changent la couche de leur enfant.

Comme le montre le Baromètre “Hygiène et précarité”, le manque de produits d’hygiène influence le manque de confiance en soi et touche une part croissante de personnes depuis 2019. Les ménages les plus précaires sont davantage concernés par cette problématique. Pour répondre à cet enjeu, DELTA (plateforme de réservation hôtelière) pilote le dispositif PRECAM afin de lutter contre la précarité menstruelle en hôtel social. Ce dispositif est financé par la DRIHL (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Hébergement et du Logement) et par la DRDFE (Direction Régionale aux Droits des Femmes et à l’Égalité). Le projet PRECAM vient pérenniser deux expérimentations franciliennes portées par Règles Élémentaires et le Samu social de Paris.
Ce dispositif a pour projet de mettre à disposition des protections périodiques pour les publics en hôtel social. Ce dispositif comprend également une sensibilisation des femmes hébergées en hôtel social et des professionnels. Ces temps de formation donnent l’occasion de comprendre les risques sanitaires, psychologiques et sociaux liés à la précarité menstruelle et de briser les tabous sur les menstruations. En effet, la précarité menstruelle ne recouvre pas seulement l’impossibilité d’accès à des protections périodiques, mais désigne également le manque d’informations concernant le fonctionnement biologique et les structures médicales qui accompagnent les femmes sur ces questions.

DELTA a un premier objectif de sensibilisation auprès de 2 000 femmes sur les 25 000 femmes hébergées en hôtel social en Île-de-France, soit 8% de la population féminine en hôtel social. DELTA prévoit également la distribution de 70 000 protections jetables et 2 000 protections réutilisables avant 2026, date à laquelle une première évaluation du dispositif sera réalisée par l’observatoire du Samu social de Paris.

POUR ALLER + LOIN

Téléchargez le 5e Baromètre Hygiène et Précarité en France, en cliquant ici.

Trouvez les lieux de mise à disposition de protections hygiéniques, grâce à Reglà, en cliquant ici.

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