La dernière Coordination de la Veille Sociale (CVS) s’est tenue le 5 juillet 2022 au SIAO 95. 8 partenaires (13 personnes différentes) ont répondu présents : le Pôle Exclusion de la Croix-Rouge Française, Aurore, le Secours Populaire Français, les Restos du Cœur, Du Côté des Femmes, ADVOG, l’ANSA ainsi que le pôle Veille Sociale (ESPERER 95).
À l’ordre du jour : la présentation par l’ANSA (Agence nouvelle des solidarités actives) du diagnostic de précarité alimentaire en Île-de-France, la présentation du logiciel ArcGis à travers des exemples en vue du projet de cartographie départementale de la veille sociale ainsi que le tour de table de l’actualité.
En effet, l’ANSA a été invitée à présenter le résultat des travaux menés durant plusieurs mois sur un diagnostic de précarité alimentaire régional, projet piloté par la DRIHL dans le cadre de France Relance. Rappelons que l’outil a été co-construit avec le CREDOC et que les membres des différents GT compo-sés de plusieurs membres différents ont pu apporter leur éclairage.
Plus de 30 données ont ainsi été croisées sur 5 axes :
✔️ l’offre alimentaire ;
✔️ l’offre d’aide alimentaire ;
✔️ la précarité ;
✔️ la grande précarité ;
✔️ la santé.
En compilant ces 5 axes : une carte générale représentant un indicateur synthétique du déficit de l’offre alimentaire classique permet de classer et de comparer l’ensemble des communes d’Île-de-France en 6 gradients distincts (pointant ainsi que les communes sont impactées différemment par la précarité alimentaire).
Grâce à ce type d’outil, il est donc possible d’objectiver certains « a priori », de prendre du recul par rapport aux perceptions des territoires. Le diagnostic vient ainsi combler un espace manquant de l’observation sociale sur la précarité alimentaire. À terme, chaque département disposera de sa propre fiche départementale finalisée, associant des données quantitatives, qualitatives et des représentations spatiales (cartographies).
La présentation de l’ANSA a été l’occasion idéale pour les acteurs de la veille sociale d’émettre leur opinion et leurs remarques; les partenaires ayant l’expertise et la connaissance de terrain. En effet, pour cette occasion, une présentation de la fiche départementale du Val-d’Oise a permis de mettre en avant les spécificités du territoire en termes d’offres et de carences. Il est à noter que la carte, bien que montrant certains secteurs de précarité, est plus hétérogène que prévu, dans le Vexin par exemple, avec des communes de densité faible voisines présentant des caractéristiques et un indice de précarité alimentaire différents malgré leur proximité géographique.
Ainsi, parfois ce n’est pas seulement entre EPCI mais au sein d’un même EPCI que des disparités sont mesurables.
Quelques exemples d’analyses des résultats sur le département :
✔️ une concentration des publics « potentiellement à risque alimentaire » dans le Sud-Est du département tel que Gonesse, Villiers-le-Bel, Roissy-en-France mais aussi les communes les plus peuplées du département telles que Cergy et Argenteuil. Dans le Nord et dans le Vexin, des communes sont également concernées par ce risque : Magny-en-Vexin, Persan, Amenucourt ou encore Beaumont-sur-Oise…
✔️ en ce qui concerne l’offre alimentaire, il a été observé un déficit marqué à l’Ouest et au Nord du département dans le Vexin et le Centre Nord : Buhy, Frémainville, Théméricourt, Guiry-en-Vexin, Omerville, Berville, Arronville, Frouville, Vallangoujard figurant parmi lescommunes les plus tou chées. À l’inverse, toute la partie Sud (de la CACP jusqu’au Sud-Est du département) est plutôt bien pourvue en offre alimentaire (Marchés de plein air, Commerces de Proximité et Grandes Surfaces…).
Les partenaires ont souligné la possible de faire mieux en terme d’aide alimentaire dans le Val-d’Oise si l’aide communale (élus locaux) était adéquate au niveau des sites de distribution. En effet, des difficultés de locaux et d’autorisations demeurent dans le territoire. L’invisibilisation du public, les problématiques de la superficie du Vexin et de l’isolement, le manque d’accès PMR dans les sites, la rentabilisation de la surface utilisée au sol et allouée à l’aide alimentaire, les difficultés de conservation alimentaire et de réfrigération dans les hôtels ou encore les questions de gêne des nouveaux publics en besoin d’aide alimentaire ont également été cités par les partenaires.
Dans un second temps, le SIAO 95 a présenté l’outil destiné à son futur projet de cartographique dynamique en ligne. L’objectif est de représenter les différents acteurs luttant contre la précarité sur le département et notamment les acteurs de la veille sociale (maraudes, accueils de jour/nuit). Le logiciel montre pour l’instant un potentiel satisfaisant et pourra être actualisé par le SIAO. Enfin, les partenaires ont relaté leur actualité à tour de rôle. Les problématiques de domiciliation demeurent avec de plus en plus de demandes et certaines mairies ne souhaitent plus en réaliser. Certains accueils de jour font état également d’épisodes de violences de la part du public certains jours. À l’inverse, d’autres accueils de jour indiquent une bonne ambiance conviviale et respectueuse avec des évènements festifs. La problématique de la santé a également émergé (accès aux droits et soins).
L’habitat précaire (bidonvilles), les écueils pour le droit à la scolarisation, les mouvements d’expulsions ont également mis à mal la stabilité de certains ménages rencontrés par les maraudes. Certaines frictions se créent d’ailleurs avec les communes. Par ailleurs, des épisodes de difficulté d’accès à l’aide alimentaire ont été soulignés dans quelques points de distribution mais restent minoritaires.
Sur le volet RH, certains accueils de jour ont du mal à recruter des travailleurs sociaux. L’arrivée des Equipe Mobile Santé Précarité est également l’une des nouveautés, avec 3 équipes issues de 3 opérateurs différents (Croix-Rouge, ESPERER 95 et OPALIA). Ces mesures d’aller-vers pour la population ayant des besoins médicaux et sociaux sont très attendues. Le lancement est prévu dès cette rentrée.
Quant au bus solidaire du pôle Veille Sociale (ESPERER 95), l’autorisation d’emplacement (temporaire ?) sur le parking du Verger à Cergy-Préfecture a été enfin délivrée. Un planning a été transmis aux partenaires. L’étape la plus difficile reste de faire amener le public localisé à la gare vers le bus. Maisune fois cette étape réalisée et la confiance installée, le public adhère au projet. Du côté du Secours Populaire, le Solidaribus dans le Vexin a été lancé récemment. Il s’agit d’un camion itinérant spécialement équipé où des bénévoles distribuent de l’aide alimentaire, vestimentaire, des fournitures, ainsi qu’une aide aux démarches sur internet et de relais pour l’accès aux droits et aux soins. 14 bénévoles se relaient. Son but est d’y assurer la présence du Secours populaire, là où il est encore absent et dans un territoire à faible densité ne bénéficiant pas du même niveau de maillage d’offre d’aide alimentaire ou de réponses à la précarité.
Un accueil de jour a parlé de la hausse de fréquentation soudaine en début d’été avec un nombre important de femmes essayant de tomber enceintes, afin d’espérer pouvoir garder leur place dans les structures. Si cette stratégie n’est pas nouvelle en France, il est à déplorer que les situations de précarité d’une partie de la population amènent à des grossesses pour ce motif et à la mise en concurrence des situations de vulnérabilité.
L’importance des liens partenariaux entre les différentes maraudes a été soulignée, notamment entre les professionnels et les bénévoles mais aussi entre maraudes bénévoles de différentes associations et opérateurs. Ces interactions entre différents acteurs de la veille sociale permettent ainsi la localisation, l’identification et une meilleure orientation vers le 115 et les travailleurs sociaux des publics rencontrés.
Avant la crise sanitaire, une coordination entre les Restos du Cœur, le Pôle Exclusion et la Délégation Territoriale de la Croix-Rouge Française existait, ce qui permettait de couvrir des situations concrètes dans le Val-d’Oise et de rencontrer un plus grand nombre de personnes. Celle-ci s’est malheureusement arrêtée en raison de la crise sanitaire.
Enfin, les Restos du Cœur rappellent par ailleurs que les familles ayant besoin d’aide alimentaire et vivant dans des communes un peu éloignées des centres alimentaires et qui n’ont pas de centres des Restos du Cœur, n’ont pas à se croire privées. Celles-ci pouvant tout à fait s’inscrire sur l’un des centres fixes du département et bénéficier ainsi d’une aide. Il est également possible de transférer son inscription d’un centre à l’autre, y compris au sein du même département.
En été, il a été rappelé que les bénévoles ont tendance à partir en vacances donc il y a moins de
possibilités d’ouverture de centres ce qui constitue une difficulté. Pour pallier à cela, une solution est mise en place avec les maraudes afin de distribuer des colis alimentaires en semaine. Pour les enfants en bas âge, des dotations pour le lait de croissance et des couches sont disponibles chaque semaine.
La prochaine CVS aura lieu fin septembre/courant octobre 2022 à une date qui reste à déterminer.