Évolution des Demandes Non Pourvues (DNP) au 115-95 et du nombre de personnes à la rue

Demandes Non Pourvues

Les 2 indicateurs « Demandes Non Pourvues globales » et « Demandes Non Pourvues familles avec enfant(s) » sont concomitants et suivent donc une tendance similaire.

✔️ Le mois de janvier 2023 demeure relativement stable avec en moyenne 43 DNP par jour ouvré.
✔️ Février constitue un franchissement d’étape avec une augmentation très significative dès le 13/02/2023 avec 2 à 3 fois plus de DNP que le mois précédent selon le jour concerné (entre 110 et 130 DNP par jour parfois).
✔️ En cumul sur la période du 02/01/2023 au 24/02/2023 : 2 280 DNP ont été recensés. Parmi eux : 967 DNP isolés (195 personnes différentes) et 961 DNP familles avec enfant(s) (586 personnes différentes) dont 530 DNP enfants (311 enfants différents). Le reste étant composé de couples et groupes sans enfant.

Entre le 13/02/2023 et le 24/02/2023, les DNP « Familles avec enfant(s) » ont représenté 65% du total des DNP en moyenne (contre 42% sur la période entière).
Pour se rendre compte de cette hausse spectaculaire : sur les semaines 7 et 8, il y a eu plus de DNP « familles avec enfant(s) » que sur les 6 premières semaines de l’année cumulées.

Cette hausse des DNP démontre que les moyens à l’heure actuelle sont insuffisants. Cela engendre une sur-paupérisation et contribue à la surmortalité et au mal-logement du public à la rue.

Rappelons que les DNP ne rendent compte que du public ayant réussi à contacter le 115 et ne comptabilisent donc pas ni le non-recours au numéro d’urgence, ni tous ceux n’ayant pas pu joindre le 115-95. Par conséquent, cela sous-évalue la demande réelle de mise à l’abri sur le département.

Si 24% des demandes de mise à l’abri n’ont pas été pourvues en janvier, près de 3 100 personnes sont en moyenne prises en charge quotidiennement à l’hôtel par le 115-95, selon différents dispositifs :

En complément de la mise à l’abri en hôtel classique, 4 dispositifs permettent la prise en charge de publics spécifiques :
✔️ Dispositif départemental « personnes victimes de violences conjugales ou familiales » ;
✔️ Hébergement d’Urgence des Demandeurs d’Asile (HUDA) ;
✔️ Dispositif Aide Sociale à l’Enfance (ASE) ;
✔️ Dispositif Injonctions (mise à l’abri à la demande des services Préfectoraux).

Personnes rencontrées à la rue par les maraudes du Pôle Exclusion de la Croix-Rouge française et Nuit des maraudeurs

Le suivi statistique du nombre de personnes à la rue rencontrées par la maraude rend compte également d’une évolution similaire à celle des DNP (2 à 3 fois plus de rencontres ces derniers jours par rapport à janvier).

De facto, cela constitue une certaine logique puisqu’une partie du public est rencontrée sur signalement du 115. Ces indicateurs confirment que les personnes en DNP sont en situation de rue avérée et sans solution.

Sur la période du 02/01/2023 au 24/02/2023 (et hors week-end), 1 522 personnes ont été rencontrées. Parmi elles, 481 familles avec enfant(s) dont 270 enfants. Un pic de 95 personnes rencontrées a été observé le 21/02/2023.

Les semaines 7 et 8, la maraude a fait remonter en moyenne près de 8 enfants restés à la rue chaque soir, sans solution d’hébergement après leur passage.

Mais ces chiffres ne reflètent pas la réalité, puisque lors de la nuit des maraudeurs du 26/01/2023, 129 ménages à la rue ont été rencontrés. Pourtant, l’opération n’a duré que 3-4 heures, une grande partie du public était « invisible » car s’étant abrité en raison du froid et seulement un tiers des communes valdoisiennes ont pu être « maraudées ». De plus, cette nuit-là, 15 lits intempéries pour les isolés et 10 places supplémentaires en abris de nuit (SAS APUI pour des familles avec enfants) avaient été activés. De ce fait, 25 personnes qui auraient certainement dormi à la rue n’ont pas été rencontrées par les 27 équipes participantes.

À ce propos, un recensement du nombre de personnes vivant en situation de rue, dans la Communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise, ne sollicitant plus les dispositifs de droit commun ou le 115 a été lancé par les acteurs de la Coordination SDF.

Le déclenchement de ces dispositifs est répété à chaque « vague de froid ». Toutefois, les effets ne sont pas suffisamment significatifs au vu des besoins de mise à l’abri. Pourtant le « Plan Grand Froid » avait été déclenché par des départements voisins du Val-d’Oise tels que la Seine-Saint-Denis et l’Oise malgré des températures identiques.
La mobilisation de places « Plan Grand Froid » dans le Val-d’Oise aurait permis d’abriter une bonne partie des personnes en demande, au cours de cet hiver toujours rigoureux.

De surcroît, l’ensemble des indicateurs précités entrent en contradiction avec la politique du « 0 enfant à la rue » mais aussi de la prise en charge du reste du public.

De plus, ces dernières semaines, plusieurs décès successifs ont été recensés parmi le public à la rue, mais aussi hébergé dans des structures d’urgence, témoignant de l’écart de l’espérance de vie entre le public fragilisé par la rue et la population générale.
En ce sens, le SIAO 95 a signé récemment une convention avec le Collectif des Morts à la Rue, contribuant ainsi à la surveillance statistique de la mortalité (en fonction des retours collectés).

Différents facteurs expliquent ces DNP :
✔️ une absence de places en hébergement disponibles sur le territoire, mais aussi une carence en logements sociaux.
✔️ un nombre non négligeable de DNP « familles avec enfant(s) » relevant d’une absence de places compatibles avec la composition familiale.
✔️ de plus en plus de difficultés rencontrées par la plateforme de réservation hôtelière régionale DELTA dans la captation de places hôtelières disponibles. Ces carences mettent en tension le Val-d’Oise (et d’autres départements) face au nombre de personnes à la rue en Île-de-France. Rappelons que plus de la moitié des personnes mises à l’abri dans les hôtels du Val-d’Oise le sont sur orientation des autres 115 franciliens.

La préparation des JO 2024 et l’augmentation du nombre de personnes à la rue en Île-de-France va impacter la prise en charge à l’hôtel dans les mois à venir. Rappelons que le contexte est marqué par un territoire très tendu au niveau de l’hébergement et du logement, sur lequel plus de 90% des mises à l’abri se font actuellement via l’hôtel.

Dans un tel contexte, le Logement D’Abord devrait peut-être passer par un « Toit Urgent D’Abord » maintenant et pour tous.

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