Le 5 décembre dernier, le président du Haut Conseil du travail social (HCTS), Mathieu KLEIN, a remis le Livre blanc du travail social à la ministre des Solidarités, Aurore BERGÉ, et au ministre du Travail, Olivier DUSSOPT. Ce document de 314 pages résulte des travaux des groupes nationaux du HCTS, des comités locaux du travail social et des principales organisations. Il offre un regard critique sur la crise persistante du secteur, soulignant la nouveauté de prendre en compte les conséquences de la crise sanitaire.
Le rapport met en lumière la question centrale des conditions de travail, considérée comme la cause majeure de la défection actuelle. Afin d’agir sur le travail social, les auteurs préconisent une réarchitecture du travail, abordée dans le Livre blanc avec des constats et des recommandations. Ce document se distingue également par son analyse de la prise en compte du genre dans le travail social et de la transition écologique.
Les principales recommandations du Livre blanc sont les suivantes :
1. Retrouver l’attractivité des métiers et des organisations
✔️ Revaloriser les salaires en introduisant un mécanisme d’indexation du financement public basé sur l’augmentation moyenne du Smic des dernières années.
✔️ Engager une concertation sur les ratios d’encadrement pour limiter le nombre maximum de personnes accompagnées par équivalent temps plein.
✔️ Porter une attention particulière à l’articulation des temps personnels et professionnels, au développement des carrières, et à l’amélioration des conditions de travail.
✔️ Passer du management par le chiffre à des organisations plus participatives. Il est suggéré de libérer des espaces et du temps pour développer le pouvoir d’agir des professionnels.
2. Retrouver le cœur des métiers et le pouvoir d’agir des professionnels
✔️ Repenser l’accompagnement des personnes en réhabilitant la notion de temporalité, en distinguant quatre temps : celui de l’accueil, de l’écoute, de l’accompagnement et de la coopération.
✔️ Développer l’approche « aller vers » pour renouer avec l’épaisseur de la relation entre professionnels et personnes accompagnées.
✔️ Sortir des impasses de l’aide individuelle en pensant des approches plus préventives et collectives.
✔️ Favoriser le pouvoir d’agir des publics accompagnés en formant les professionnels et en encourageant la co-formation.
✔️ Déconstruire les stéréotypes de genre en déployant des formations et des recherches sur le sujet, et en mettant à distance une approche essentialiste des rôles sociaux basés sur le masculin et le féminin.
3. Susciter l’intérêt, notamment des plus jeunes, pour les métiers
✔️ Organiser la communication autour des métiers du social en diffusant une information claire et accessible.
✔️ Rendre la formation initiale et continue plus attractive en créant un observatoire des emplois et des compétences.
✔️ Initier les étudiants en travail social à la participation et créer un écosystème de recherche avec une discipline universitaire.
4. Penser les transitions numériques, démographiques et écologiques
✔️ Profiter des potentialités de la transition numérique en investissant dans des systèmes d’informations de partage de données et en anticipant l’impact de l’intelligence artificielle.
✔️ Anticiper le virage domiciliaire en adaptant les logements et en développant des réponses à l’augmentation des personnes dépendantes.
✔️ Investir la transition écologique en documentant ses impacts et en intégrant les données environnementales comme des facteurs de vulnérabilité sociale.
Ce Livre blanc, fruit d’un an de travail, a été remis au gouvernement, et la ministre des Solidarités a exprimé l’engagement du gouvernement à se saisir des propositions.
POUR ALLER + LOIN
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