
Le 29 janvier 2025, le Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles accueillait la Journée Nationale des acteurs engagés pour la cause des jeunes en rupture, dans le cadre du Contrat d’Engagements Jeunes-Jeunes en Rupture (CEJ-JR). Organisée par la Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté (DIPLP) et la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), cette rencontre nationale a réuni 400 participants.
BILAN DU CEJ-JR, À L’OCCASION DES DEUX ANS DU DISPOSITIF
D’après les données de la DGEFP, 23 000 jeunes ont été repérés dans le cadre du CEJ-JR. La majorité d’entre eux sont des décrocheurs et 80 % sont peu ou pas qualifiés. Les résultats montrent que plus de la moitié des jeunes accompagnés sont désormais en emploi, en alternance ou ont un projet solide en construction. Ces chiffres témoignent du potentiel du dispositif, mais aussi des marges de progrès qui restent à franchir pour toucher un plus grand nombre de jeunes.
Ce bilan a permis de réaffirmer la plus-value du CEJ-JR, dont le principe de l’accompagnement « hors-les-murs » se distingue par sa capacité à aller vers les jeunes, en particulier ceux en situation de décrochage. Cette modalité d’accompagnement nécessite une coordination renforcée entre tous les acteurs impliqués : santé, logement, mobilité et emploi, effectivement, aucun acteur ne détenant seul La solution.
L’étude menée par la FAS, dès le début du déploiement du dispositif, met en lumière plusieurs points positifs :
✔️ la coopération entre missions locales et porteurs de projets a permis de dégager du temps pour la création d’outils communs ;
✔️ la co-construction des actions et un accompagnement partagé entre les différents acteurs ;
✔️ la libre adhésion des jeunes, élément fondamental du CEJ-JR, qui permet une plus grande adaptation aux besoins spécifiques et à la temporalité de chacun.
Ce type d’accompagnement offre des opportunités de personnalisation du suivi, essentiel pour répondre à la diversité des parcours et des situations. Les jeunes apprécient tout particulièrement que l’ensemble de leurs problématiques soit pris en compte dans la construction de leur projet.

Suite à la publication de son rapport Accompagner les jeunes en grande précarité : les enseignements de la recherche action sur le CEJ JR, la FAS organise un webinaire de restitution le 13 mars prochain.
Informations et inscription, en cliquant ici.
RÉFLEXION SUR LES ÉVOLUTIONS ATTENDUES DU DISPOSITIF
De plus, au cours de la journée, plusieurs de groupes de travail et de réflexion ont été menés. Les professionnels présents ont ainsi pu échanger autour des thématiques suivantes : ruralité, illettrisme, mobilité, santé, accès au logement et accès aux droits. Les partages d’expériences et de réflexions des professionnels participants ont amené à la pose de préconisations, dont il est prévu qu’elles figurent dans un « kit » destiné à l’ensemble des acteurs de terrain.
Sept points essentiels, qui seront la base de réflexion pour la création du kit, sont à retenir de ces groupes de travail :
✔️ Les difficultés de coordination entre les différents acteurs locaux et financeurs (État, collectivités, entreprises, associations) ;
✔️ Un besoin de gouvernance mieux structurée pour améliorer la coordination et l’efficacité des actions ;
✔️ Des actions multiples sont mises en place à différents niveaux, mais elles sont souvent difficiles à identifier pour les acteurs de terrain et les jeunes concernés ;
✔️ La nécessité d’utiliser un vocabulaire commun et compréhensible par tous les acteurs ;
✔️ Les entreprises, bien que souvent éloignées du champ social, jouent un rôle crucial dans l’accompagnement des jeunes en rupture ;
✔️ De nombreux enjeux de mobilité sont repérés en milieu rural afin de permettre l’accès aux services, à la formation et à l’emploi pour les jeunes ;
✔️ Selon un rapport IGAS, 34 000 jeunes* vivent sous le seuil de pauvreté en milieu rural.
L’ABSORPTION DU CEJ-R AU SEIN DE L’OFFRE DE REPÉRAGE ET REMOBILISATION (O2R)
Il est prévu que le CEJ-JR soit intégré à l’O2R qui, selon la DGEFP, permet d’agir dans un cadre juridique stable et faciliterait la coordination entre les acteurs. Cette nouvelle suscite des inquiétudes parmi les acteurs du terrain à plusieurs niveaux :
✔️ La remise en question de la durée de l’accompagnement ;
✔️ La prise en compte de l’aspect santé qui faisait l’objet d’un volet dédié dans le cadre du CEJ-JR mais qui ne comprend pas cette attention particulière dans l’O2R.
Les 280 projets prévus par l’O2R dans le cahier des charges visent 30 000 personnes, dont 45 % cibleraient spécifiquement des jeunes de 16 à 25 ans.
CONCLUSION : UNE GOUVERNANCE À REPENSER ET UNE PÉRENNITÉ À ASSURER ?
Après deux ans de mise en œuvre, il est crucial de pérenniser les politiques publiques en faveur des jeunes, pour leur offrir des ressources stables et durables.
Il faut repenser les résultats en tenant compte de la singularité de chaque jeune et de son parcours de vie. Le lien avec les entreprises doit être renforcé pour une meilleure compréhension mutuelle et pour adapter les pratiques afin de garantir des opportunités professionnelles durables. La collaboration entre acteurs publics et privés est essentielle pour une insertion efficace des jeunes dans le monde du travail.
Le succès futur du CEJ-JR dépendra de la capacité à répondre aux besoins spécifiques de ce public, à renforcer la coordination des acteurs et à garantir une vision à long terme.
PRINCIPALES PRÉCONISATIONS ISSUES DES GROUPES DE TRAVAIL
✔️ Cartographier les besoins et ressources d’un territoire pour construire des projets adaptés et permettre une collaboration optimale entre les acteurs terrain ;
✔️ Mettre en place une conférence des financeurs sur les politiques publiques en direction des jeunes, comme pour les personnes âgées, afin de pérenniser et coordonner les financements et les actions ;
✔️ Pérenniser les coordinations locales autour de logement des jeunes (exp : CLAJ) ;
✔️ Créer un Logement D’Abord pour les jeunes et développer « un Chez Soi d’Abord Jeunes » sur tout le territoire ;
✔️ Créer un guichet unique dans le domaine de la santé, de l’accès au logement, de l’emploi ;
✔️ Faire de la prévention pour éviter les ruptures dans le parcours des jeunes en l’informant sur ce qui existe dès l’école.