
Le rapport « Femmes sans abri, la face cachée de la rue », réalisé par la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, publié par le Sénat en octobre dernier mettait en lumière l’augmentation significative de femmes sans abri, notamment en Île-de-France et dans les grandes métropoles.
En 2024, le SIAO 95 a recensé 1 942 demandes d’insertion pour des femmes seules avec enfants, soit 38% des demandes totales de l’année. Au 31.12.2024, 2 022 places à orientation du SIAO dédiées à l’accueil de femmes seules ou de familles monoparentales étaient ouvertes sur le département du Val-d’Oise.
Parmi ces demandes, 709 familles monoparentales ont pu être orientées vers un dispositif d’hébergement et/ou de logement intermédiaire. 444 femmes avec enfant(s) ont été admises.
De nombreuses femmes se retrouvent à la rue alors même qu’elles sont enceintes. La grossesse accentue les vulnérabilités et rend ces femmes encore plus fragiles, elles sont souvent isolées, sans suivi médical et en difficulté pour accéder à des structures adaptées. Dans le département du Val-d’Oise, un dispositif a vu le jour pour proposer un accueil de ces femmes, le CHU pré-post maternité, porté par l’association COALLIA.
En 2024, 85 femmes enceintes dans leur dernier trimestre de grossesse ont été orientées et admises au sein du CHU. Elles ont pu bénéficier d’un lieu pour se reposer et préparer l’arrivée de leur bébé plus sereinement. Les hébergements se poursuivent jusqu’aux 3 mois de l’enfant. Bien que la durée de prise en charge soit courte, ce temps nécessaire a permis à ces femmes de bénéficier d’un suivi de santé global et d’un accompagnement social. Pour certaines, des sorties vers des solutions de logement intermédiaire ou d’hébergement ont pu être travaillées. Pour d’autres, notamment des femmes aux droits incomplets, une sortie vers l’hôtel par le 115 a été mise en place.
En 2025, 10 places supplémentaires sont ouvertes au sein du CHU. Ce sont donc actuellement 45 places qui sont ouvertes sur le territoire. Les professionnels de santé saluent ces ouvertures de places, mais ils sont unanimes, elles sont bien trop peu nombreuses et il serait nécessaire d’étendre ce dispositif à l’Est du territoire.
En 2024, le référent périnatalité du SIAO 95 a pu participer à différentes journées d’informations organisées par le Réseau Périnatalité du Val d’Oise (RPVO) et le SOLIPAM afin de sensibiliser les professionnels médicaux à la réalité du contexte de l’hébergement en Île-de-France.
Enfin, les femmes victimes de violences sont elles aussi toujours plus nombreuses à solliciter le SIAO pour une demande d’hébergement. Au cours de l’année 2024, nous avons dénombré 680 demandes d’insertion de femmes victimes de violences nécessitant une mise à l’abri rapide. Sur le département du Val-d’Oise, seulement 219 places sont dédiées à l’accueil de ces femmes. Le SIAO a orienté 245 femmes vers une solution d’hébergement ou de logement intermédiaire et 182 ménages ont pu être admis au sein d’une place.
La mise en sécurité des victimes est une priorité à laquelle les volets « urgence » et « insertion » du SIAO doivent répondre de manière concertée. Si le 115 constitue une réponse rapide et indispensable, il ne peut être qu’une solution temporaire, ne répondant que partiellement aux besoins d’accompagnement des ménages. Le manque de places d’insertion sur le territoire reste un frein majeur pour proposer des solutions pérennes à ces personnes.