Le 1er février 2023, s’est tenue la journée de présentation du 28e rapport sur « L’État du mal-logement en France » par la Fondation Abbé Pierre.
Le constat dressé est accablant :
L’inflation est galopante et le nombre de personnes en situation de précarité ne cesse de croître. Malgré les mesures de protection du pouvoir d’achat mises en place par le gouvernement, 21% de la population est concernée par la pauvreté ou la privation, soit plus d’1 français sur 5.
330 000 personnes sont sans domicile, et 2 personnes meurent chaque jour dans la rue. Rien qu’en janvier 2023, 36 personnes sans domicile sont décédées.
La production de logements est en berne : sur l’objectif de 150 000 nouveaux logements créés, seuls 95 000 ont été livrés en 2022 (contre 124 000 en 2016). Pour avoir plus d’informations sur cette question en Île-de-France, la DRIHL produit désormais des bilans trimestriels reprenant les chiffres du bâtiment francilien (voire l’article « Publication trimestrielle de la DRIHL sur la construction et rénovation des logements » en cliquant ici).
La présentation du rapport a été l’occasion de revenir sur deux thématiques particulières : l’impact du genre sur les questions de mal-logement et la loi Kasbarian-Bergé.
Pour la première fois, le rapport s’est intéressé à la question du genre et ses influences sur le parcours résidentiel et le mal-logement. La Fondation met en exergue la fragilité des femmes, mais aussi des jeunes LGBTQ+, face au logement. Les femmes sont en effet plus vulnérables du fait de leur situation sociale (plus bas salaire), mais aussi de parcours de vie plus fragilisant, notamment lors des moments de ruptures familiales (sortie du domicile parental, séparation / divorce, veuvage) et du fait des violences conjugales. Pour les jeunes LGBTQ+, c’est souvent la sortie du domicile parental qui peut constituer un point de rupture, surtout lorsque celle-ci fait suite à un coming-out non accepté par les parents.
Pendant cette journée, la loi Kasbarian-Bergé – plus souvent appelée loi « anti-squat », a été abordée à plusieurs reprises. Présentée comme une protection pour les petits propriétaires, c’est la première loi du quinquennat sur les questions liées au logement. Elle soulève de nombreuses inquiétudes chez les associations et militants, car elle réduit les délais des procédures d’expulsion des squatteurs et occupants sans titre et prévoit des peines pénales pour les personnes occupant ces squats, même lorsque ce sont des locaux ou hangars désaffectés.
Suite à la présentation du rapport et aux débats de l’après-midi opposant des personnalités politiques publiques de bords différents (NUPES, LFI, Renaissance, LR, EELV), la Fondation Abbé Pierre a émis le souhait de déposer une proposition de loi « Abbé Pierre » afin de pouvoir remettre la question du logement au cœur des politiques sociales, sous un angle plus insistant sur la prise en charge des personnes mal logées.
POUR ALLER + LOIN
Retrouvez le 28e rapport sur « L’État du mal-logement en France 2023 de la Fondation Abbé Pierre, en cliquant ici.
Si vous souhaitez voir le replay de cette journée de présentation, cliquez ici.