Les circonstances qui conduisent à la perte d’un hébergement sont diverses ; les plus communes étant les ruptures conjugales, la fin de l’hébergement parental ou l’arrivée en France, dans le cas des migrants. Les difficultés d’accès ou de maintien dans le logement rajoutent à ces problèmes. Les parcours de rue sont également divers et cela peut être l’histoire d’une nuitée à des décennies.
Les personnes âgées ne sont pas épargnées. Dans la rue, on retrouve non seulement celles ayant vécu un long parcours sans domicile, mais aussi celles nouvellement confrontées à la survie sans domicile après la perte soudaine de leur logement, ce qui est à la fois le reflet du vieillissement des personnes sans domicile et de la paupérisation extrême des personnes âgées.
L’âge en lui-même n’est pas constitutif de la vulnérabilité des personnes tant qu’elles ont des ressources personnelles et environnementales à mobiliser. Or, ces ressources sont absentes ou insuffisantes quand il s’agit de personnes qui vivent à la rue. Le vieillissement devient alors un élément supplémentaire qui aggrave cette situation de fragilité extrême.
Il est difficile d’évaluer le nombre de personnes âgées à la rue : la majorité a un long parcours d’errance et ne sollicite plus les dispositifs de droit commun.
Sur le territoire du Val-d’Oise en 2022, le 115 comptabilise 98 personnes âgées de plus de 60 ans (dont 52 avaient 65 ans ou plus) l’ayant sollicité au moins une fois pour une mise à l’abri. Elles totalisent 798 demandes enregistrées sur l’année, dont près de 40% n’ont pu être pourvues. Bien souvent seules, elles ne sont pas prioritaires au regard de la baisse du socle hôtelier.
30 ans : c’est la différence d’espérance de vie entre une personne vivant dans la rue et la population générale. Soit environ 1/3 de vie en moins. Dans le même temps, on observe un accroissement du nombre de personnes sans-abri de plus de 60 ans.
La vulnérabilité des personnes âgées étant exacerbée par les conditions de vie entraînant un vieillissement prématuré et des problèmes de santé aigus et chroniques.
La prise en charge des seniors à la rue varie en fonction du profil. Pour ceux qui vivent dans la rue depuis peu, l’important est de leur permettre d’accéder rapidement à un dispositif d’urgence, de recouvrer leurs droits et de trouver une solution de sortie. Concernant les personnes sans domicile depuis plus longtemps, il s’agit souvent de les convaincre de rompre avec leurs habitudes de rue.
L’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) signale que « le vieillissement et la mortalité des personnes sans domicile ou ayant des conditions de vie précaires renvoient à un double impensé : il existe peu de données sur ces questions et les personnes sont mal prises en charge par la société » (Loison-Leruste, 2015).
Le SIAO 95 organise tous les mois des Commissions Situations Complexes. La problématique des personnes vieillissantes est une thématique qui revient régulièrement. Les chargées d’orientation reçoivent également beaucoup de signalements faisant part de la grande vulnérabilité de ménages de plus de 60 ans.
Il convient alors de se demander quelles sont les solutions d’hébergement proposées aux personnes sans domicile vieillissantes? Les hébergements sociaux et les maisons de retraite sont-ils à même de répondre à leurs besoins ? Quels obstacles rencontrent-elles pour stabiliser leur situation ? Quelle place leur est accordée dans les dispositifs d’hébergement et d’insertion ?
En 2022, 231 ménages avec un demandeur principal ayant plus de 60 ans, étaient en demande d’hébergement/logement auprès du SIAO 95. Parmi eux :
✔️ 150 ménages (dont 61 de 65 ans et plus) étaient toujours en attente de proposition au 31/12/2022 ;
✔️ 72 ont pu être orientés vers des places d’hébergement ou de logement intermédiaire (Maisons Relais principalement) ;
✔️ 9 ont bénéficié de relogements autonomes via la Mission Logement, ce qui représente finalement peu de sorties positives.
Quel que soit le profil de ces ménages en demande, c’est la sortie des dispositifs d’urgence qui pose problème. Résidence autonomie, EHPAD, pension de famille ou logement autonome, l’accès s’avère complexe pour ces personnes. Leur état de santé fréquemment dégradé et leur autonomie parfois difficile rendent souvent les EHPAD comme les solutions les plus adaptées. Les gestionnaires de structures se retrouvent dans l’impasse. Encore plus les CHU, car les ménages sont pour la plupart en situation administrative précaire.
Le travail social devient alors de la coordination médicale et de l’accompagnement vers la fin de vie (sans financement de l’Agence Régionale de Santé), mettant en souffrance des équipes qui n’ont pas été formées pour cela.
POUR ALLER + LOIN
À découvrir, le guide « Accompagner les personnes précaires vieillissantes et/ou en perte d’autonomie », en cliquant ici.