Foyers de Travailleurs Migrants : que deviennent-ils, près de 30 ans après le lancement du Plan de traitement ?

Ces hébergements, conçus dans les années 60, avaient pour but de loger le plus grand nombre de personnes étrangères venues travailler en France durant les 30 glorieuses.
En cette faste période de pleine croissance économique, notre pays avait un grand besoin de main d’œuvre supplémentaire afin de participer à la reconstruction après-guerre, ce qui a accru l’arrivée de travailleurs migrants.
Il a donc fallu construire rapidement des habitations pouvant accueillir cet afflux de personnes (environ 110 000), pour la plupart des hommes venus du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.
L’urgence a donné naissance aux FTM, familièrement appelés SONACOTRAL pour Société Nationale de Construction de logements pour travailleurs algériens, devenue plus tard ADOMA.
Construites rapidement, les chambres de 7m2 (avec lits superposés, espaces sanitaires et cuisines à partager) étaient généralement occupés par des hommes seuls en périphérie des grandes villes.
D’autres chambres étaient également à partager sous forme de dortoirs avec succession de lits superposés.
Dans ce contexte, l’optimisation de l’espace était la priorité, reléguant les notions de bien-être et d’intimité au second plan. Au début des années 90, des problématiques inhérentes à ce type d’habitat ont mis en lumière les limites de ce type d’hébergement.
En effet, plusieurs dérives sont apparues, liées notamment à la sur-occupation des logements, l’insalubrité et les activités « informelles », entrainant une dégradation rapide des lieux d’habitat. Le constat a été fait de l’installation d’un communautarisme et, paradoxalement, d’un isolement de ces populations.

C’est pourquoi un Plan de traitement des FTM (PTFTM) a été lancé en 1997 afin d’offrir de meilleures conditions de vie aux résidents. Pilotée par un délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement, la Commission Interministérielle pour le logement des Immigré (CILPI) a été chargée de mettre en œuvre le plan de transformation des foyers en Résidences sociales.
La CILPI (composée des ministres en charge du Budget, de l’Économie, de l’Intérieur et du Logement) assure le suivi du plan et élabore des programmes d’opérations éligibles au financement de la participation des employeurs à l’effort de construction.

Les Résidences Sociales bien plus adaptées ont permis d’individualiser les espaces (sanitaires et cuisines) tout en restant dans un cadre collectif et se rapprochant des logements sociaux.
Ce modèle d’habitat répond à deux objectifs, intégrer par le logement et accompagner socialement, pour lesquels les résidents FTM n’étaient pas auparavant bénéficiaires.
En intégrant une résidence sociale, les anciens résidents FTM ont toujours droit à une inconditionnalité du séjour et pour ceux qui le souhaitent, un accompagnement vers un logement pérenne est proposé.

Accueillant divers profils aujourd’hui, elle permet une passerelle vers le logement de droit commun générant ainsi une certaine mixité entre les populations historiques et les nouveaux arrivants.
Le vieillissement des résidents présents depuis l’ouverture des FTM est au cœur de la refonte des foyers. En effet, initialement venus pour travailler en France, ces travailleurs effectuaient des allers-retours dans leurs pays d’origine et participaient financièrement à la vie de leur famille restée sur place, en leur envoyant une partie de leur salaire. Si beaucoup ont fait venir femmes et enfants, certains ont continué ce mode de vie, le vieillissement et les problèmes de santé inhérents freinant cette possibilité de retour au pays.

C’est pourquoi, l’accompagnement proposée en Résidence Sociale et les adaptations des logements étaient indispensables afin que ces résidents puissent se maintenir dans leur habitat.
Fin 2021 sur les 688 foyers recensés en 1997, le taux de réalisation du PTFTM a atteint 82% ; 126 foyers restaient en attente de traitements.

La finalisation du plan est freinée pour les foyers restants, notamment pour des questions de contraintes du bâti et de zones tendues (grande métropoles).

En 2022 le plan a célébré son 25eme anniversaire sous forme d’un séminaire qui a rassemblé tous les acteurs historiques : bailleurs, représentants de l’État, associations, collectivités territoriales, ainsi que des étudiants et des chercheurs.

Plus que jamais, le vieillissement des travailleurs migrants, leur parcours résidentiel et la mixité des publics sont au cœur des préoccupations pour l’habitat de demain.

Du chemin reste à parcourir afin d’arriver à la fin du modèle FTM. Néanmoins une relance du plan va permettre de retravailler les projets tout en prenant en compte les problématiques de la seniorisation des publics et le déploiement de nouveaux espaces résidentiels.

FOCUS 95
Dans le Val-d’Oise, les principaux gestionnaires de FTM sont ADOMA et ADEF, dont les derniers foyers sont en cours de réhabilitation :
✔️ ADOMA compte à ce jour 5 foyers qui seront transformés en résidences sociales d’ici à 2026 ;
✔️ ADEF ne compte plus qu’un seul foyer dans le Val-d’Oise, à Saint-Gratien, composé principalement de studettes de 12 m2.
Pour le SIAO, gérant 30% des places du Contingent Préfectoral, cela représente 410 places sur lesquelles il oriente des personnes isolées, hommes ou femmes selon les structures.

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