Le 29 avril 2024, la Délégation Interministérielle à l’Hébergement et à l’Accès au Logement (DIHAL) a animé une rencontre autour de la lutte contre le sans-abrisme en Europe, à Paris. Réunissant des experts et des acteurs clés du secteur, les échanges ont mis en lumière les défis auxquels tous doivent faire face et ont permis d’identifier les axes de progression.
À cette occasion, la Plateforme Européenne de Lutte Contre le Sans-abrisme (EPOCH) a été présentée.
Les constats relevés sont inquiétants. Tout d’abord, une crise persistante qui, au cours des dix dernières années, a contribué à la montée du sans-abrisme dans tous les états membres de l’Union Européenne. Même si le socle européen des droits sociaux met en avant la nécessité de disposer de données précises et comparables sur le sans-abrisme, pour mieux cerner le problème et élaborer des stratégies efficaces. Ce recensement est freiné par le manque d’homogénéité en termes de dispositifs de protection sociale sur les territoires, d’indicateurs communs et de définitions partagées.
Néanmoins, dans cette lutte, a été signée en 2021 par la quasi-totalité des états membres de l’Union Européenne, la Déclaration de Lisbonne visant l’éradication du sans-abrisme d’ici 2030. Il s’agit de faire émerger une politique publique européenne coopérative s’appuyant sur les bonnes pratiques des acteurs de terrain.
3 axes sont ainsi retenus pour permettre une alliance internationale en lien avec la société civile :
✔️ Axe 1 : Définition et comptabilisation du sans-abrisme
Harmoniser les définitions du sans-abrisme entre les 27 États membres, établir des méthodes de comptabilisation fiables et développer des outils de suivi pour observer les évolutions et comparer les données.
✔️ Axe 2 : Échanges et formations
Créer un espace d’échanges pour partager les bonnes pratiques et proposer des formations au niveau européen, mutualiser et diffuser les travaux de recherche sur le sans-abrisme.
✔️ Axe 3 : Accès aux fonds européens
Faciliter l’accès aux fonds européens pour les intervenants de terrain et développer des outils financiers en partenariat avec la Banque Européenne d’Investissement et la Banque de Développement du Conseil de l’Europe.
FOCUS SUR L’AXE 2 : LA PLATEFORME EUROPÉENNE DE LUTTE CONTRE LE SANS-ABRISME (EPOCH)
La plateforme EPOCH découle de la signature de la Déclaration de Lisbonne. Cette plateforme vise à :
✔️ faciliter le partage des bonnes pratiques entre les pays européens ;
✔️ renforcer la coopération internationale ;
✔️ apporter des solutions innovantes en s’inspirant des réussites d’autres régions.
Cette plateforme est portée par la Fédération Européenne des Associations Nationales Travaillant avec les Sans-Abri (FEANTSA) qui pilote l’espace d’échanges, de formation et d’archivage des travaux de recherche sur la période de janvier 2024 à décembre 2025. À ce jour, ce sont trois formations, trois visites d’étude de ville, douze fiches pratiques et douze webinaires qui ont été organisés.
Pour rappel, la FEANTSA a été créée en 1989 et rassemble des services à but non lucratif qui viennent en aide aux personnes sans-abri en Europe : 130 organisations membres venant de 30 pays, dont 27 États membres de l’Union Européenne. Il s’agit principalement de fédérations nationales ou régionales.
La FEANTSA prévoie de :
✔️ publier d’autres fiches pratiques inspirantes ;
✔️ organiser une visite d’étude à Lisbonne en septembre 2024 ;
✔️ dispenser des formations à Bruxelles sur le sans-abrisme des femmes ;
✔️ réaliser un webinaire sur le droit de vote des personnes sans-abri.
POINT D’ÉTAPE DE LA PLATEFORME EPOCH
D’une part, elle a permis :
✔️ une visibilité renforcée de la problématique du sans-abrisme en Europe. La définition et le comptage du sans-abrisme sont mieux connus ;
✔️ un soutien politique en hausse pour trouver des solutions contre le sans-abrisme ;
✔️ un renforcement des plans de lutte contre le sans-abrisme dans la majorité des pays européens.
D’autre part, on constate que :
✔️ la prise de conscience est inégale avec un moindre impact dans les pays d’Europe centrale et orientale ;
✔️ un risque de simplification, car vouloir appliquer des politiques sans traiter les causes profondes peut être insuffisant ;
✔️ la coopération est complexe, car il reste des différences en matière de définition, de comptage et de financement.
Bien que la Plateforme EPOCH soit née d’une collaboration étroite entre les institutions européennes, les gouvernements nationaux et diverses organisations, il est essentiel de reconnaître le rôle fondamental de la société civile dans la lutte contre le sans-abrisme.
Lors de cet évènement, les membres français de la FEANTSA étaient présents, Cité Caritas et la Fondation Abbé Pierre. Pour les représentants français, notamment Cité Caritas, EPOCH est encore trop confidentielle. Les associations françaises sont en attente de pouvoir être impliquées dans la poursuite de sa construction (faire part de leurs besoins, proposer des axes d’intervention, des thématiques). Des interrogations se posent également, par manque de retour, sur la façon dont vont être pilotées les actions et sur leur financement.
Les acteurs de terrain espèrent aussi que la Plateforme facilitera l’accès des associations aux fonds européens qui sont de véritables imbroglios administratifs. L’autre point crucial soulevé est la nécessité de financer des services d’interprétariat pour permettre cette nouvelle dynamique de travail avec les acteurs de la société civile au niveau européen.
Retrouvez le Replay du 95e atelier de la Dihal, en cliquant ici.
