En 2022, la Fédération Nationale des Samu Sociaux a recueilli les données d’activité de ses adhérents à partir de leurs rapports d’activité, révélant ainsi l’ampleur de l’activité des équipes de rue, des maraudes, et des Samu sociaux à l’échelle nationale. Les chiffres obtenus ont mis en lumière l’importance des interventions, mais ont également souligné la prévalence des troubles psychiques parmi les personnes sans abri, une problématique fréquemment évoquée dans les rapports d’activité.
L’étude nationale Maraudes 2023 a impliqué la participation de 119 équipes de maraudes et Samu sociaux, couvrant l’ensemble du territoire français, y compris la Guadeloupe et la Guyane. Les données ont été collectées à travers des questionnaires et une collaboration avec la Croix-Rouge française. Les résultats ont dévoilé des disparités significatives dans l’activité des équipes, avec une moyenne de 4 484 contacts par équipe en 2022. Les différences de fonctionnement, de territoire d’intervention et de moyens disponibles expliquent ces variations.
La diversité des interventions des équipes de maraudes a été classée en prestations principales, comprenant les distributions (nourriture, couvertures), les accompagnements physiques, les entretiens individuels, les orientations, et les maraudes en partenariat. Un référentiel de missions et d’évaluation des maraudes et Samu sociaux liste les missions centrales que doivent réaliser les équipes sous 13 références :
Parmi les 119 équipes de maraudes et Samu sociaux participant à l’étude, 78 (66 % des répondants) ont comptabilisé au moins une prestation. Les prestations principales sont les suivantes :
✔️ distributions (nourriture, couvertures, vêtements, kits d’hygiène) : réalisées par 65 équipes ;
✔️ accompagnements physiques et visites (hébergement, administratif, soins, hygiène) : 57 équipes ;
✔️ entretiens individuels et/ou collectifs avec orientation vers d’autres dispositifs : 48 équipes ;
✔️ propositions d’accompagnement au long cours : 40 équipes ;
✔️ maraudes en partenariat : 70 équipes, avec des partenaires variés tels que des associations et des services spécialisés dans les domaines médico-sociaux (Équipes Mobiles d’Évaluation et d’Orientation Sanitaire, Équipes Mobiles Psychiatrie Précarité, Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues, etc..).
Le profil des personnes rencontrées par les équipes a été analysé en fonction de différents indicateurs tels que le genre, l’âge, le type de ménage, la nationalité, la présence d’animaux, les ressources disponibles, le suivi social et la couverture médicale. Les données ont révélé une majorité d’hommes isolés âgés de 25 à 59 ans, bien que des lacunes dans la collecte de données aient été notées, notamment en ce qui concerne les personnes transgenres ou non-binaires.
Les membres de la Fédération Nationale des Samu Sociaux (FNSS) soulignent l’importance des problèmes de santé mentale parmi les personnes rencontrées lors des maraudes. Cette problématique est abordée à travers un focus thématique, mettant en lumière les défis auxquels sont confrontées les équipes de terrain, en particulier pendant les interventions nocturnes. Ce focus souligne également l’impact négatif de l’absence d’hébergement et de logement sur la santé mentale des personnes sans abri.
L’enquête SAMENTA, faisant référence sur la santé mentale des sans-abri en Île-de-France et datant de 2009, révèle que près d’un tiers des 840 personnes interrogées présentaient des troubles psychiatriques graves, soit dix fois plus que la population générale.
Les équipes de maraudes nocturnes, telles que celles du Samusocial de Paris, se trouvent souvent confrontées à des personnes en détresse psychique. Les relais pour ces équipes sont limités et l’accès aux services d’urgence psychiatrique est souvent difficile. Les personnes en détresse psychique peuvent quitter les urgences avant d’avoir été évaluées par un psychiatre en raison de longs délais d’attente. L’hébergement adapté à ces troubles est également rare et les équipes d’accueil ne sont pas toujours formées pour prendre en charge ces situations. Les équipes de maraudes développent des approches spécifiques pour maintenir le lien avec ces personnes tout en respectant leur équilibre psychique. Les interventions nocturnes nécessitent un ajustement constant du positionnement des équipes, et des partenariats avec des structures médicales fournissent des formations pour mieux répondre aux besoins de santé mentale. Les maraudes diurnes, confrontées à des défis similaires, ne peuvent pas accompagner directement les personnes aux urgences psychiatriques et doivent s’adapter aux contraintes du service des urgences. Les hospitalisations peuvent parfois se conclure par des sorties sèches, posant des défis supplémentaires pour le suivi et la prise en charge de ces personnes.
Enfin, les préconisations de la FNSS mettent en avant la nécessité de politiques publiques axées sur la réduction du sans-abrisme, en insistant sur l’accès égal de toutes et tous aux droits, et notamment au logement. La Fédération encourage également le renforcement des dispositifs à « haut seuil d’inclusion » pour favoriser les soins de proximité. Elle souligne le rôle crucial des maraudes et Samu sociaux dans la mise en œuvre du paradigme du « logement d’abord » et appelle au renforcement de leurs actions pour répondre à la diversité des besoins des personnes sans abri.
POUR ALLER + LOIN
Retrouvez l’Étude nationale maraudes 2023 de la Fédération Nationale des Samu Sociaux, en cliquant ici.